Eglises d'Asie

Les étudiants descendent dans la rue tandis que l’assemblée consultative siège et que l’opposition s’unit

Publié le 18/03/2010




Comme l’on s’y attendait, et malgré la présence de très nombreuses forces de l’ordre, la convocation de l’Assemblée consultative du peuple, le 10 novembre, a immédiatement provoqué, dès le jour d’ouverture, des manifestations qui n’ont cessé de croître en violence tout au cours de la semaine. Le 11 novembre, un incident a eu lieu alors qu’un cortège de 2 000 personnes faisait face à un barrage militaire. Une voiture qui roulait en tête des manifestants a heurté des soldats qui ont ouvert le feu au-dessus des têtes des manifestants. On a dénombré cependant neuf blessés. Le 12 novembre, les choses se sont encore aggravées. Alors que des dizaines de milliers d’étudiants tentaient de s’approcher du parlement, les forces de l’ordre ont tiré sur eux à balles en plastique durci, avec des canons à eau et des grenades lacrymogènes. En fin de journée, une centaine de blessés avaient été amenés dans les hôpitaux de la ville. Dans la matinée du vendredi 13 novembre, les journaux indonésiens faisaient état de deux morts, un jeune manifestant et un policier, victimes des heurts de la veille. Bien que le général Wiranto ait annoncé que « la situation dans la capitale était sous contrôle », la population s’attendait au pire, en cette journée de clôture de la session extraordinaire de l’Assemblée consultative du peuple. Le 14 novembre, en milieu de journée, le bilan était déjà de neuf morts.

C’est en vue de fixer la date de prochaines échéances électorales qu’avait été convoquée l’Assemblée consultative du peuple. Le président B.J. Habibie, en effet, avait promis des élections pour l’année prochaine afin de mettre sur pied un nouveau corps législatif qui, avant la fin de cette même année, choisirait un président pour le pays. Les manifestants d’aujourd’hui et la majeure partie de l’opposition avaient depuis longtemps fait connaître leur opposition à cette convocation. Selon eux, l’actuelle assemblée consultative n’est plus représentative du peuple et reste aujourd’hui un jouet entre les mains du pouvoir. Au mois de mars dernier, en effet, elle avait redonné le pouvoir à Suharto pour un septième de mandat de cinq ans, avant que celui-ci ne soit obligé de démissionner le 21 mai suivant sous la pression de la population.

La politique gouvernementale actuelle et le processus choisi pour élire le nouveau président ont pourtant un certain nombre de partisans dans les milieux musulmans. Des milliers d’entre eux s’étaient massés dans le stadium des sports de Jakarta, le 5 novembre dernier, pour y manifester leur soutien à la décision de convoquer l’Assemblée consultative du peuple en vue de fixer la date de prochaines élections. « Que ceux qui projettent de perturber ce projet s’écartent de leur dessein! » a déclaré solennellement un des orateurs, directeur d’un pensionnat musulman, Mannarul Hidayat, ajoutant qu’il serait inhumain de faire obstacle à une initiative capable d’améliorer le sort du peuple indonésien en proie, aujourd’hui, à de si graves épreuves.

Le rassemblement s’est terminé deux jours plus tard par la lecture d’une déclaration en 11 points appelant tous les musulmans à appuyer la prochaine session de l’Assemblée consultative et à développer une stratégie commune afin de gagner les élections de 1999. A cause du désaccord qu’elle a suscité parmi les participants du Congrès, une suggestion n’a pas été retenue dans la déclaration finale. Elle demandait que les candidats à la présidence soient impérativement de religion musulmane et de sexe masculin. Ce qui était une façon d’exclure des candidats au pouvoir suprême, la présidente du plus grand parti de l’opposition, Megawati Sukarnoputri. Les orateurs ont également lancé des appels à l’unité des musulmans qui constituent 90 % de la population indonésienne estimée aujourd’hui à 202 millions d’habitants. « Ne laissons pas les différends entre musulmans être exploités par les ennemis de l’islam, a déclaré Mannarul Hidayat, de sorte que les musulmans s’affaiblissent, se désunissent, perdent leur pouvoir et tombent sous la dictature d’une minorité« .

Mardi, 10 novembre, alors que s’ouvrait, dans le centre de la capitale, la session extraordinaire de l’assemblée consultative du peuple, les principales personnalités de l’opposition indonésienne se sont réunies dans la banlieue de Jakarta et ont annoncé une plate-forme commune. A côté des dirigeants des deux plus importants courants musulmans actuels, Abdurrachman « Gus Dur » Wahid et Amien Rais, se trouvait Mme Megawati Sukarnoputri, la populaire fille du premier président indonésien Soekarno. Ce sont les dirigeants de l’opposition qui ont fait la une des journaux du 11 novembre. Selon les sondages d’opinion, Mme Megawati avec MM. Wahid et Rais recueilleraient au total plus de 70 pour cent des voix aux élections présidentielles si elles étaient organisées aujourd’hui. Aucun d’entre eux n’est membre de l’Assemblée consultative.