Eglises d'Asie

Recrudescence du trafic et de la consommation de la drogue malgré une répression excessivement sévère

Publié le 18/03/2010




Depuis le début du mois d’octobre, cris d’alarme et mises en garde concernant le trafic et la consommation de la drogue se multiplient aussi bien dans la presse qui parle du “déluge de l’héroïne” ou encore de “l’ouragan de la drogue” qui se sont abattus sur le pays, que de la part des instances nationales les plus hautes, dont certaines comme le secrétaire général du Parti, Lê Kha Phiêu, voient dans la subite aggravation du fléau une tentative de déstabilisation du pays, due à des forces hostiles (8). Les rapports et les chiffres mis en avant (9) suggèrent en effet une très rapide recrudescence de ce fléau pourtant traditionnel dans ce pays, et cela malgré les sanctions prises contre les trafiquants, sans doute les plus sévères du monde.

Pour la ville de Hô Chi Minh-Ville, selon l’organe des jeunesses communistes, “Tuôi Tre”, les statistiques font état d’une progression fulgurante du nombre de toxicomanes. En 1997, au mois de septembre, les toxicomanes recensés par la police étaient au nombre de 4 500. Un an après, cette liste avait plus que doublé et atteignait le chiffre de 10 038. Mais selon les estimations, ce nombre est beaucoup plus élevé et doit approcher ou dépasser les 20 000. L’âge des drogués est relativement jeune. Pour 81 % d’entre eux, il se situe entre 18 et 30 ans.

On constate la même progression du côté du trafic de drogues. En 1996, la police avait découvert et réglé 109 affaires de drogues, dans lesquelles étaient impliqués 184 individus. En 1997, le nombre des affaires étaient déjà au nombre de 807. Y étaient impliqués 2 529 personnes. Ces chiffres vont doubler cette année, puisque que pour les six premiers mois de l’année, on avait découvert 874 affaires et l’on avait arrêté 2 516 trafiquants. Certains journaux ont dénombré 632 lieux où s’exerce le trafic de drogue. Le journal des syndicats “Lao Dông” a même dressé une carte de la drogue. Selon les journaux de Saïgon, la drogue est devenu une marchandise facile à trouver. Avec 50 000 dông (20 F), on se procure sans difficulté une dose d’héroïne, aussi facilement que des bonbons. Beaucoup de foyers ou de marchandes de quatre saison arrondissent leur fin de mois grâce à la vente d’héroïne, achetée 7 000 dollars le kg dans le “triangle d’or” et revendu 50 000 dollars au détail à Hô Chi Minh-Ville.

Sur le plan national, la situation est à peine moins dramatique. A Hanoi, la drogue se vend dans les buvettes de thé ou même dans les épicerie, au centre même de la ville. Au nord, ce sont les lycéens et les collégiens qui sont les cibles favorites des dealers. Pour tout le Vietnam, les experts occidentaux estiment à 200 000 la population de toxicomanes. Ce chiffre est un peu moins élevé, selon le colonel Vu Hung Vuon, responsable du service de répression anti-drogue de la Police nationale, qui situe le nombre total de drogués à 132 000. 70% d’entre eux ont moins de trente ans.

Les autorités conscientes de ce danger depuis quelques années, avaient au printemps 1997, durci la législation anti-drogues et augmenté l’arsenal des sanctions déjà très sévères, rendant passible de la peine de morts tout individu en possession de 100 grammes d’héroïne. De nombreuses exécutions capitales ont eu lieu et au mois de mars dernier, après un procès largement médiatisé, 7 trafiquants avaient été exécutés. L’Etat vietnamien a signé cette année une série de traités pour la coopération dans la lutte contre le trafic des stupéfiants, avec les pays frontaliers ou concernés, le 7 octobre avec la Thaïlande, le 23 octobre avec la Russie. Tout récemment, à Hanoi, a eu lieu un colloque franco-Vietnamien sur la prévention et la lutte anti-drogue. Le 21 octobre 1998, la presse rapportait une déclaration du secrétaire général Lê Kha Phiêu, où il disait Nous devons attaquer sans cesse et fermement les trafiquants, juger de manière radicale les affaires de drogue