Eglises d'Asie

Après les troubles : réactions du cardinal Julius Darmaatmadja, de la hiérarchie catholique, de la Communion des Eglises protestantes

Publié le 18/03/2010




Dès le lendemain des événements, l’archevêque de Jakarta, le cardinal Julius Darmaatmadja a confié à la presse la profonde émotion que lui avaient causée les troubles de la veille. Il s’est déclaré très gravement troublé. “Je suis triste, a-t-il déclaré, à la pensée que cette bagarre entre deux petits groupes ait donné lieu à des attaques d’églisesSelon le cardinal, les incidents du 22 novembre n’ont pas seulement causé des dommages matériels, mais ils ont contribué à créer un sentiment d’insécurité chez les chrétiens à Jakarta et ailleurs. Il a particulièrement insisté sur les effets moraux et psychologiques de l’émeute. Une attaque des lieux de culte est une “humiliation” infligée à la religion. S’en prendre à un “musholla” (lieu de culte musulman), c’est humilier des musulmans. De même, la destruction des églises témoigne d’une volonté d’humiliation des chrétiens.

Cependant, la partie la plus forte de son intervention est sans doute contenue dans ses réflexions sur la nature de l’émeute. Il a en particulier déclaré : Il m’est difficile d’accepter que ces incidents aient été spontanés. Le rassemblement d’autant de personnes en si peu de temps doit avoir été organisé“. Il a ajouté que s’il était vrai que ces troubles avaient été planifiés, alors la population aurait été exploitée au service de certains objectifs. Ce qui est encore plus grave, on se serait servi pour cela de la religion. Il a ensuite tiré la leçon des événements en demandant qu’à l’avenir, dans des cas semblables où sont engagées des convictions religieuses, on s’efforce d’apporter des solutions appropriées au moyen d’un dialogue pacifique sur les causes profondes des différends existants.

Lors de l’émeute, la Conférence épiscopale d’Indonésie tenait ses assises annuelles à Jakarta. Les évêques indonésiens ont donc été des témoins rapprochés des événements. S’exprimant au nom de tous, le président de la Conférence, Mgr Josefus Suwatan de Manado, après avoir fait part de sa consternation, a souhaité que les parties concernées se rencontrent pour un examen serein des données objectives. Il a aussi mis en garde contre une certaine “culture de violence” en train de prévaloir en Indonésie.

Le communiqué publié par la Communion des Eglises protestantes d’Indonésie après les événements remarquait que, comme dans d’autres occasions, les autorités ont fait peu d’efforts pour s’opposer à l’émeute. Les dirigeants protestants demandent aux autorités de prendre des mesures rapides et décisives pour que cet incident ne ternisse pas l’image de l’Indonésie aux yeux de la communauté internationalePar ailleurs, ils demandent à leur fidèles de garder la maîtrise de soi et de ne se livrer à aucune représaille. Ce même double point de vue est partagé par la plupart des déclarations publiées à cette occasion par de très nombreux groupes de militants chrétiens. Ici et là, on suggère, comme le cardinal, que les événements ont été organisés à des fins politiques.