Eglises d'Asie

Avant les troubles de Jakarta du 22 novembre, des cris d’alarme avaient été lancés par diverses instances chrétiennes et musulmanes

Publié le 18/03/2010




Quelques jours avant que n’éclatent les émeutes de Jakarta (7), dans les milieux chrétiens indonésiens qui ne constituent qu’une minorité de la population à 90 % musulmane, des mises en garde s’étaient fait entendre, dénonçant un climat de violence peu propice à la cohabitation pacifique des fidèles de diverses religions. C’est ainsi que, le 19 novembre précédent, l’Association biblique indonésienne avait publié un communiqué rappelant que, durant les six années écoulées, 480 lieux de culte chrétiens avaient été partiellement ou totalement endommagés et que ces agressions avaient créé chez les chrétiens un climat de grande inquiétude. Le communiqué citait aussi une récente remarque du président Habibie selon laquelle les destructions d’églises ne signifiaient pas qu’il y ait une guerre ouverte entre les adeptes des divers groupes religieux de la société.

Deux jours seulement avant les événements, le 21 novembre, une table ronde avait été consacrée au problème de la violence, à laquelle participaient tous les plus hauts dirigeants des religions du pays, à savoir l’islam, le catholicisme, le protestantisme, l’hindouisme, le bouddhisme et le confucianisme. Le communiqué publié à l’issue des débats exprimait la profonde inquiétude des participants devant le déchaînement de violence qui avait accompagné les manifestations du 10 au 13 novembre dernier et avait fait 14 victimes (8). S’exprimant comme porte-parole des autres dirigeants religieux, Abdurrahman « Gus Dur » Wahid, responsable de la puissante association musulmane Nahdlatul Ulama, avait lancé un appel moral, « le seul qui puisse être lancé« , avait-il souligné, contre la violence et pour le règlement pacifique des problèmes. Il mettait aussi en garde contre la tendance à utiliser la religion pour attiser des haines et ainsi consolider le pouvoir. Il a fait allusion également à la vague de 200 mystérieux assassinats qui, à Java oriental, ont frappé les membres de son association (9).