Eglises d'Asie

L’enquête du rapporteur spécial des Nations Unies a créé beaucoup de remous dans les milieux religieux du pays

Publié le 18/03/2010




De sources diverses et dispersées, on apprend que de nombreux remous ont accompagné l’enquête effectuée au Vietnam du 19 au 28 octobre par le rapporteur des Nations Unies sur l’intolérance religieuse, M. Abdelfattah Amor. Ce dernier, dans un communiqué publié dès la fin de son voyage, avait déjà confirmé que beaucoup de rencontres importantes prévues dans le programme accepté par les autorités n’avaient pu se réaliser ou s’étaient déroulées dans des conditions déplorables (14) ne permettant pas un entretien libre. Le rapport que M. Amor présentera en avril prochain à la Commission des droits de l’homme à Genève devrait contenir plus de détails. Mais on sait aujourd’hui que certains responsables religieux, empêchés de le voir, lui ont écrit pour lui faire part de leurs doléances. D’autres informations sont aussi parvenues sur la façon dont plusieurs dirigeants religieux ont été écartés de leurs lieux de rendez-vous avec M. Amor.

On a appris, par exemple, qu’une lettre ouverte, datée du 10 octobre, a été adressée au représentant des Nations unies (15), par le P. Trân Si Tin, un prêtre rédemptoriste travaillant avec quelques uns de ses confrères sur les hauts plateaux du Centre-Vietnam, dans la région de Pleiku, province de Gia Lai, auprès de l’ethnie minoritaire Jorai. Se présentant comme le porte-parole d’une partie de la population ne jouissant pas de la liberté religieuse, il énumère les limitations qui sont imposées à la foi et au culte religieux. Lui-même, dans les principes, ne peut exercer son action pastorale. Il ne peut le faire qu’en violant la réglementation actuelle. Quant aux fidèles, menaces et arrestations sont leur lot quotidien. De nombreuses églises ont été réquisitionnées. Le religieux rédemptoriste termine la lettre en exprimant son scepticisme sur l’efficacité de l’enquête officielle du rapporteur spécial des Nations-Unies.

Par ailleurs, un rapport envoyé aux fidèles caodaïstes de la diaspora vietnamienne fait état d’un certain nombre d’événements survenus le 27 novembre 1998 lors des visites de M. Amor au Saint-Siège du Caodaïsme à Tây Ninh, et au temple de Hô Chi Minh-Ville. A Tây Ninh, un responsable caodaïste du plus haut niveau a été isolé chez lui, les portes verrouillées. Un autre dignitaire a été gardé en résidence surveillée trois jours. Trois hautes personnalités avaient été arrêtées quelques jours avant, elles n’avaient pas été libérées au moment de la rédaction du rapport. Il en a été de même à Hô Chi Minh-Ville où le personnel de la communauté religieuse caodaïste a été prié de s’absenter, le temple a été fermé et un responsable religieux a été transféré dans un autre quartier à l’heure où devait venir la délégation. Dans le communiqué publié à l’issue de son voyage, M. Amor s’est contenté de mentionner que les rencontres prévues avec les représentants du Caodaïsme n’avaient pas eu lieu (16).

Les représentants du bouddhisme unifié n’ayant pu librement rencontrer le représentant des Nations-Unies, un rapport de 17 pages a été envoyé à Genève par l’Association religieuse pour la protection du Dharma. Il décrit la situation de l’Eglise bouddhiste du Vietnam patronnée par l’Etat. Les mouvements de jeunesse bouddhistes sont aujourd’hui encadrés par des personnes agréées par le gouvernement. Les dirigeants effectifs de l’Eglise reçoivent leurs ordres du bureau des Affaires religieuses et du Comité d’action populaire (Agitprop). Le rapport ajoute encore que malgré l’accroissement démographique, le nombre de pagodes n’a pas augmenté au Vietnam depuis 23 ans.