Eglises d'Asie

Les dirigeants chrétiens publient une “lettre ouverte au peuple de l’Inde” pour exprimer “leur peine et leur angoisse”

Publié le 18/03/2010




Au nom du Forum des chrétiens unis pour les droits de l’homme, qu’il préside, Mgr Alan de Lastic, archevêque catholique de New Delhi et président de la conférence épiscopale, a rendu publique, le 24 novembre, une lettre ouverte “au peuple de l’Inde” qui exprime “le profond sentiment de peine et d’angoisse” des Eglises chrétiennes du pays.

Rappelant les agressions répétées dont sont victimes depuis plusieurs mois les communautés chrétiennes dans le pays, et plus particulièrement le viol collectif de quatre religieuses dans l’Etat du Madhya Pradesh, en septembre dernier (6), l’archevêque a estimé que ces attaques, généralement imputées à des groupes hindouistes proches du gouvernement fédéral, avaient pour objet, au moins en partie, de saboter les programmes d’éducation mis en place par les Eglises : Ces attaques endommagent le tissu social du pays, spécialement quand elles sont dirigées sur des femmes et détruisent la santé de la démocratieIl a ajouté que les actes de violence dirigés contre les chrétiens n’avaient jamais été aussi nombreux depuis l’indépendance de l’Inde en 1947.

Le dernier en date de ces incidents a eu lieu à Mangalore, dans l’Etat du Karnataka, le 22 novembre. Une quarantaine de jeunes hindous, chantant des slogans hindouistes, ont fait irruption dans un lieu de culte desservi par l’Eglise évangélique St Thomas, alors qu’un service religieux y réunissait une centaine de personnes. Après avoir cassé les vitres, jeté des bibles à terre et détruit le mobilier, les jeunes gens ont blessé plusieurs personnes, dont le pasteur local, à coups de battes de cricket.

Au cours de sa présentation de la lettre ouverte au peuple indien, Mgr de Lastic a demandé aussi à tous les citoyens indiens de soutenir la journée d’action du 4 décembre organisée dans toute l’Inde pour protester contre le viol des religieuses, les meurtres de prêtres, la destruction d’églises et d’écoles chrétiennes. Nous sommes tous conscients des forces qui se cachent derrière ces actes de violencea-t-il ajouté, faisant allusion aux groupes extrémistes hindous et au venin du communautarismeIl a critiqué aussi les gouvernements de certains Etats de l’Union indienne qui ne font rien contre ces groupes qui mettent en oeuvre une purification ethnique et religieuseà l’encontre des chrétiens. En conclusion, l’archevêque affirme : Ces groupes essaient de limiter la grande influence que nous avons dans le domaine de l’éducation. C’est simplement de la jalousie de leur part, parce que nous réussissons à atteindre les villages pauvres pour y fournir une éducation et des soins de santé“. Enfin, l’archevêque réitère la volonté des chrétiens indiens d’être reconnus comme partie intégrante de la nation indienne : Nous resterons chrétiens et nous ne sommes pas des étrangers. Nous ne nous abaisserons jamais jusqu’à attaquer d’autres communautés, mais en même temps nous exigerons par des moyens non violents que justice nous soit rendue