Eglises d'Asie

Les troubles de Jakarta du 22 novembre ont fait 14 victimes; quatorze églises chrétiennes ont aussi été détruites

Publié le 18/03/2010




Selon les récits rapportés par la presse, l’émeute du 22 novembre au cours de laquelle au moins 14 personnes ont été tuées et 14 églises catholiques et protestantes ravagées, a eu son origine dans une bagarre survenue, la nuit précédente, au village de Ketapang, dans le centre de Jakarta. Cette nuit-là, une altercation a mis aux prises des musulmans du lieu et les gardiens d’un bâtiment soupçonné abriter des jeux d’argent. Cette première affaire a pris fin très rapidement grâce à l’intervention de dirigeants religieux locaux. Cependant, très vite, une fausse rumeur s’est répandue selon laquelle un “musholla” (lieu de culte musulman) aurait été brûlé et un ministre du culte musulman assassiné par ces agents de sécurité, dont la plupart sont des chrétiens de l’île d’Amboine, une des principales îles de l’archipel des Moluques.

Dans un premier temps, des jeunes venus de divers quartiers de la ville s’en sont pris aux agents de sécurité et ont mis le feu au bâtiment que ces derniers étaient censés surveiller. Plus tard, dans la matinée, on a retrouvé dans les décombres sept corps carbonisés des agents de sécurité. Après l’incendie du prétendu bâtiment de jeux, selon les témoins, les émeutiers se sont divisés en deux groupes, qui se sont mis en marche vers deux directions, arborant le drapeau national ainsi que le drapeau musulman d’un parti politique, tout en criant : Feu aux églises!” .

La première église brûlée, tout près de la prétendue maison de jeu, appartenait à l’Eglise pentecôtiste. Deux des quatorze églises attaquées étaient catholiques. Lorsque les émeutiers sont parvenus à l’église du Sacré-Coeur de Notre-Dame, dans la partie occidentale de Jakarta, aux alentours de midi, une cérémonie de mariage était en train de s’y dérouler. Le prêtre, les mariés et les invités ont couru se mettre en sécurité tandis que la foule musulmane cassait les bancs d’église, endommageait une statue de la Vierge et mettait le feu aux livres de prières. Quelques motocyclettes garées dans la cour de l’Eglise ont été également incendiées. Certains témoins ont déploré que les chrétiens n’aient opposé aucune résistance aux violences des émeutiers.

Dans le centre de Jakarta, les émeutiers ont essayé d’attaquer la cathédrale catholique. Il se sont approché d’elle dans des voitures arborant les drapeaux national et musulman. Cependant, depuis le petit matin, un cordon d’agents provenant d’une unité de l’armée de l’air, entourait la cathédrale qui se trouve devant la grande mosquée Istiqlal. Repoussée, la manifestation a essayé de pénétrer dans la cour de l’école Sainte Ursule et dans le bâtiment du couvent des ursulines derrière la cathédrale. Une bibliothèque a été incendiée, mais des jeunes catholiques venus en renfort ont éteint le feu et évacué les religieuses.