Eglises d'Asie

Communiqué de la Conférence des Evêques catholiques d’Indonésie “Arrêtez la violence envers notre jeunesse”

Publié le 18/03/2010




1. Juste six mois après la mort par balles de quatre étudiants en mai dernier, violence et brutalité reviennent à nouveau, avec une force accrue. De nouveau, des étudiants et d’autres personnes sont tuées, victimes de la répression cruelle des forces de sécurité, des centaines d’autres sont blessées, certaines dans un état critique.

2. Nous protestons énergiquement contre de tels agissements. Comment se faitil que les meilleurs de nos fils et de nos filles, qui se battent pour la démocratie, notre idéal à tous, soient battus, frappés à coup de pied, tirés à balles, jusqu’à faire des victimes? Nous refusons et dénonçons ces actes de violence et de brutalité. Il ne doit pas y avoir d’autres victimes.

3.Nous posons aussi la question : Jusqu’à quand ces actes de violence vontils durer dans notre pays ? Nonrespect des droits de l’homme, enlèvements, tortures, viols, meurtres dans diverses régions de notre pays. Combien de temps cette sauvagerie devratelle encore durer ? Le peuple a atteint les limites de ce qu’il peut supporter d’une répression aveugle, brutale, inhumaine.

4.Du gouvernement et des forces de sécurité nous exigeons qu’il soit mis un terme à la violence et aux actes de brutalité. Nous ne pouvons admettre que la sécurité de la Session Extraordinaire du MPR (L’Assemblée Consultative du Peuple) soit assurée d’une façon telle que des victimes doivent tomber.

5.Nous demandons aux forces de sécurité de bien prendre conscience de leur tâche. Ne devezvous pas susciter un sentiment de sécurité, et non pas, à l’inverse, étendre la peur? Comment pouvezvous vous laisser entraîner dans de tels actes de violence?

6.A nos étudiants, promoteurs de l’idéal moral de notre pays, nous disons: poursuivez la lutte au nom de l’idéal d’honnêteté et de justice. Recevez nos condoléances pour la mort de vos amis. Que leur mort, qui nous remplit de tristesse, vous devienne une force pour poursuivre leur idéal, gratuitement, sans violence, sans vengeance, pour notre pays bien aimé.

7.A toute la nation nous disons : Vivons à nouveau ensemble selon le principe d’une humanité juste et civilisée. Dans cet effort, refusons toute forme de violence, ne tombons pas dans l’abîme de la haine et de la vengeance. Ne rendons pas le mal pour le mal. Soyons convaincus que le bien est plus fort que la haine.

8.Enfin, nous disons notre plus profonde tristesse devant la mort de tant de nos frères. Dans la lutte pour un idéal élevé, ils ont trouvé la violence en face d’eux. Leur mort n’est pas vaine. Que leur âme reçoive la paix du Seigneur, et que ceux qu’ils ont laissés reçoivent la force de la foi. Que le Seigneur nous accompagne dans notre effort à tous, peuple indonésien, pour bâtir une nation qui soit bonne, juste, prospère, fondée sur la fraternité véritable et le respect mutuel, avec, comme base posée par nos anciens, le Pancasila.

Jakarta, 14 Novembre 1998

Le Bureau de la Conférence des Evêques d’Indonésie

Le Président, Mgr Joseph Suwatan, MSC