Eglises d'Asie – Népal
Des chrétiens, soupçonnés d’être des militants maoïstes, ont été tués par la police
Publié le 18/03/2010
La mort de Gopal Budha Magar, 23 ans et de Suk Swam Magar, 27 ans, survenue le 20 novembre, était annoncée en première page du quotidien en nepali, « Valley News« , le 25, accompagnée des photographies des deux victimes. D’après le journal, au moment où ils ont été tués, les deux hommes venaient de terminer un stage de formation pastorale à Kathmandou et retournaient chez eux où ils étaient en activité. La région de Rukum « est un endroit si sensible qu’il est difficile d’y aller et d’y obtenir des détailsconfiait Isu Jung Karki à des journalistes. Karki, qui travaille au journal chrétien « Madhyasthaest un des huit signataires du communiqué publié dans le journal.
Douze catholiques, dont le P. Pius Perumana de la paroisse de l’Assomption à Kathmandou et un diacre, étaient présents à la cérémonie funèbre célébrée à la mémoire de Gopal et Suk, le 29 novembre, dans l’église de Putalisadak. Le P. Perumana a rapporté que plus de 200 personnes y étaient réunies. Karki a donné le titre de « martyr » aux deux victimes et a dit que des chrétiens ne peuvent pas se contenter, « quand quelque chose arrive, de chuchoter entre eux dans l’enceinte de leur église En même temps, il a déclaré : « Nous ne pouvons pas non plus apparaître comme des sympathisants maoïstesDe fait, beaucoup parmi les catholiques rassemblés pour la messe dominicale du 28 novembre dans l’église de l’Assomption se demandaient si Gopal et Suk avaient ou non été maoïstes.
La presse relatait également que la police avait récemment tué deux autres chrétiens, Kalu Budha et Govind Pun après avoir saisi des bibles et du matériel audiovisuel. Le communiqué de presse des chrétiens condamnait également l’arrestation de K. B. Rokkaya au cours d’une campagne en faveur des droits de l’homme à Katmandou. Karki affirme que Rokkaya a « été maltraité physiquement » par la police durant sa détention.
Une organisation se disant maoïste avait déclaré « une guerre populaire » en février 1996 dans l’ouest du Népal avec comme but la transformation du Népal en république. La première reconnaissance officielle par le gouvernement de l’existence de ce groupe s’est faite au cours d’une conférence de presse en juin dernier. Les mesures de répression ont déjà fait une cinquantaine de victimes parmi les suspects, d’après les chiffres du gouvernement, alors que les militants maoïstes estiment ce nombre entre 300 et 1000.
L’organisation maoïste est restée discrète pendant plusieurs mois avant de passer à la « quatrième phase » de la guerre, le 26 octobre. En deux jours, au moins 11 personnes auraient été tuées au cours d’attaques éclairs contre la police, les administrations et d’autres objectifs, principalement dans le centre-ouest du pays mais aussi à l’est et dans la vallée de Kathmandou. A ce jour et d’après les chiffres officiels, plus de 20 policiers ont été tués par les maoïstes. « Il est difficile maintenant pour les organisations non gouvernementales de travailler dans certains districtsconfie Hira Shrestha, un catholique du Fonds des Nations Unies pour l’alimentation, dont le siège central est à Kathmandou. Shrestha explique que « la police suspecte tous les villageois qui se réunissent dans les zones sensibles. Sans rencontre possible entre villageois, comment pourrait–il y avoir du développement ? » Il ajoute : « Depuis que des membres des ONG ont été tués par les maoïstes ces derniers mois, les organisations non gouvernementales se concentrent dans les districts les moins éloignés, quand bien même le développement exigerait d’être élargi vers des parties plus reculées« .
A cause de la progression de la violence, l’organisation protestante des Missions unies du Népal s’est limitée à un centre de santé et à des programmes informels d’éducation, le travail financé par Caritas-Népal a été écourté, et les plans des Soeurs de la Charité de Nazareth pour aider un village en difficulté dans l’ouest du Népal en sont, eux aussi, affectés.