Eglises d'Asie

La journée de protestation nationale du 4 décembre, voulue par le Forum des chrétiens unis, a rassemblé beaucoup de monde mais n’a pas fait l’unanimité

Publié le 18/03/2010




Bien que des foules importantes de chrétiens aient manifesté ce jour là dans tous les Etats du centre et du nord de l’Inde, la journée de protestation nationale voulue, le 4 décembre, par le Forum des chrétiens unis pour les droits de l’homme, association oecuménique présidée par Mgr Alan de Lastic, archevêque de New Delhi et président de la Conférence épiscopale catholique, n’a pas fait l’unanimité parmi les Eglises, particulièrement dans le sud du pays.

Dans les Etats du nord et du centre de l’Inde, de même que dans l’Etat méridional du Kerala, des centaines de milliers de chrétiens ont organisé des manifestations de rue, le 4 décembre, pour protester contre les attaques anti-chrétiennes qui semblent faire partie d’une stratégie à long terme de certains groupes extrémistes hindous proches du BJP (2). A New Delhi, vingt mille personnes environ se sont rassemblées devant le parlement fédéral pour demander la publication d’un livre blanc. Une délégation de huit personnes, menée par Mgr Alan de Lastic, archevêque de New Delhi et président de la conférence épiscopale catholique, a été reçue par le premier ministre. A Bombay, 10 000 personnes ont manifesté et 500 000 chrétiens de la ville ont porté un bandeau noir au bras toute la journée en signe de protestation. Dans toutes les grandes villes du Kerala, de l’Uttar Pradesh, du Madhya Pradesh, du Gujarat, du Bihar, ainsi qu’à Calcutta, les chrétiens ont manifesté en grand nombre à l’appel du Forum des chrétiens unis pour les droits de l’homme.

A Goa, le 2 décembre, 100 000 personnes avaient aussi marché dans les rues autour de la basilique de l’Enfant-Jésus, où sont conservées les reliques de St François Xavier. Je n’avais encore jamais vu une telle manifestation à Goaa déclaré Wilfred De Souza, ancien ministre-président du territoire. La protestation avait commencé par une lecture du Coran faite par un dignitaire musulman et une prière chantée par un prêtre hindou. Un catholique a ensuite lu un passage de la Bible. Plusieurs prises de parole ont eu lieu au cours de la manifestation. Un avocat hindou, Uday Mehembre, a stigmatisé les mécréants appartenant à un parti politique déraisonnablequi essaient de diviser un pays où, depuis des siècles, toutes les religions ont vécu en paix. La journée s’est terminée par une messe célébrée par Mgr Raul Nicolas Gonsalves, archevêque de Goa. Selon des sources religieuses, la manifestation de Goa a eu lieu le 2 décembre et non le 4, à cause des fêtes prévues, le 3 décembre, en l’honneur de St François Xavier.

Dans l’Etat d’Andhra Pradesh et dans certaines parties de l’Etat du Kerala, une certaine confusion a régné du fait du désaccord exprimé par certains dirigeants chrétiens. L’archevêque catholique d’Hyderabad, dans l’Andhra Pradesh, Mgr Samineni Arulappa, avait fait savoir son désaccord avec l’organisation de cette journée de protestation du 4 décembre : Toutes les écoles catholiques fonctionneront comme d’habitude ce jour . Elles ont déjà été fermées, le 22 novembre dernier, pour protester contre les attaques antichrétiennes. On ne peut pas les fermer à deux reprises pour la même raisonIl a estimé aussi que Mgr Alan de Lastic avait commis une erreuren décidant de cette journée nationale de protestation sans en référer au bureau de la conférence épiscopale catholique : C’est sa décision personnelle. C’est maintenant à chaque évêque de prendre sa décisionDans le passé, l’archevêque d’Hyderabad avait déjà pris des positions originales au sein de la conférence épiscopale en affirmant ne pas être défavorable au programme du parti hindouiste aujourd’hui au pouvoir, le BJP (Bharatiya Janata Party) (3). En dépit du communiqué de l’archevêque, quelques centaines de chrétiens ont observé un jour de jeûne à Hyderabad.

Dans le Kerala, le métropolite Alexandre Marthoma, chef d’un million de chrétiens marthomites, a refusé lui aussi que les écoles de son Eglise ferment, le 4 décembre, afin de ne pas affecter l’avenir des enfantsIl a demandé qu’on choisisse d’autres modes d’agitationCependant, d’autres membres de son Eglise, comme l’évêque de Delhi, Isaac Mar Philomenos, se sont joint aux manifestations. L’Eglise protestante du Sud de l’Inde a pris elle aussi la même position que le métropolite Alexandre, contrairement au Conseil inter-Eglises du Kerala qui a décidé, lui, de se joindre à la protestation du 4 décembre.