Eglises d'Asie

Les attaques d’églises chrétiennes se poursuivent, mais certains chrétiens refusent de s’engager dans le cycle des représailles

Publié le 18/03/2010




Après les violences musulmanes de Jakarta, le 22 novembre, et les représailles chrétiennes de Kupang qui ont suivi huit jours plus tard, quelques autres incidents ont eu lieu en divers lieux d’Indonésie, qu’il est difficile de ne pas considérer comme les effets des premiers heurts.

Dès le lendemain des violences anti-musulmanes de Kupang, le 1er décembre, l’Eglise protestante de Bethel, dans le sous-district de Banjarsari de Java-ouest, a été attaquée par une centaine de manifestants musulmans. L’incident qui a débuté à une heure du matin n’a duré qu’une heure et il n’y eu aucune victime humaine. Les autorités observent la plus grande discrétion sur cette affaire. Un officier de police interrogé à ce sujet a fait observer que les manifestants s’étaient contentés de lancer des pierres sur l’église sans essayer de l’incendier. On n’a pu cependant éviter d’observer que cette manifestation avait eu lieu le lendemain d’une journée de deuil observée par les chrétiens locaux en mémoire des victimes des émeutes de Jakarta du 22 novembre dernier.

Trois jours plus tard, au sud de l’île de Sulawesi (Célèbes), région d’origine des colons musulmans principales victimes des violences du 30 novembre à Kupang dans le Timor occidental, un groupe de musulmans a incendié l’église catholique de Notre-Dame du Rosaire sur la route de l’aéroport, à quelque 15 km de la ville d’Ujung Pandang. L’incident a eu lieu alors que la foule, après la prière du vendredi, sortait des diverses mosquées situées sur le campus universitaire voisin de l’Eglise. Des chrétiens ont affirmé plus tard que les sermons de ce jour-là avaient été particulièrement provocants. Dès après l’incendie de cette église, les forces de l’ordre ont été déployées autour de la cathédrale d’Ujung Pandang, pour la protéger d’éventuels incidents. Le commandant de la région militaire de Sulawesi a rencontré, le 5 décembre, les dirigeants chrétiens du lieu et leur a promis de faire la lumière sur cet incident. Le maire d’Ujung Pandang, après une visite aux ruines de l’église, a déclaré qu’une aide financière serait fournie pour sa reconstruction.

Le dimanche qui a suivi, une messe a été célébrée en plein air sur les ruines de l’église incendiée. Une grande foule de catholiques était venue ce jour-là de toutes les paroisses de la ville pour manifester leur sympathie aux paroissiens de Notre-Dame du Rosaire. Dans son homélie, le prêtre a conseillé à son auditoire d’imiter le Christ et de prier pour ceux qui avaient brûlé cette maison de Dieu, “car ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient“.