Eglises d'Asie

Timor occidental : neuf mosquées endommagées, un quartier musulman mis à sac par des manifestants chrétiens à Kupang

Publié le 18/03/2010




A Kupang, capitale de la province de Nusa Tengara occidental (Timor occidental), une province à majorité chrétienne, le 30 novembre dernier avait été déclaré jour de deuil en commémoration des 13 victimes des violences anti-chrétiennes survenues la semaine précédente à Jakarta (5), qui avaient aussi détruit une vingtaine de lieux de culte selon les dernières estimations. Le rassemblement organisé ce jour-là par le Forum des jeunes chrétiens (regroupant des catholiques et des protestants) était seulement destiné à exprimer une protestation pacifique. Cependant la manifestation n’a pas tardé à se livrer aux mêmes excès qu’elle prétendait dénoncer et s’est très rapidement transformée en mouvement anti-musulman. Un premier bilan des dégâts faisait état de quatre mosquées endommagées. Un recensement plus complet effectué une semaine plus tard évaluait à 9 le nombre des mosquées détruites ou brûlées et à une vingtaine les habitations et commerces musulmans pillés ou incendiés.

Les milliers de personnes qui composaient la manifestation ont, sans peine, débordé les forces de police et s’en sont pris d’abord à la mosquée principale de la ville qui a été fortement endommagée. Les émeutiers sont ensuite entrés dans le quartier en majorité musulman de Kampung Solor, voisin de la mosquée. Plusieurs autres mosquées ont été attaquées, dont une a été brûlée avec un dortoir pour pèlerins. Les colons javanais musulmans arrivés récemment dans la région ont été les principales cibles de l’émeute : leurs maisons ont été lapidées, leurs boutiques pillées et incendiées et leurs voitures brûlées. La police qui, selon des témoins, avait déployé toutes ses forces pour contenir l’émeute n’a pu rétablir l’ordre que progressivement et les violences ont continué une partie de la nuit. Le trafic aérien a été interrompu pendant les troubles et la ville a été isolée du reste du pays durant la journée.

Des troubles de même nature sont survenus, trois jours plus tard, le 3 décembre, dans l’île de Roti, île à population majoritairement chrétienne, située au sud-ouest de l’île de Timor et appartenant aussi à la province de Nusa Tengara occidental. Plusiers centaines de personnes ont attaqué à coups de pierre plusieurs mosquées, ainsi que des habitations appartenant à des colons muslmans javanais. Plus d’une dizaine de boutiques ont été pillées. A la fin de la journée, selon un témoin, l’ordre avait été rétabli, mais le calme ne régnait pas encore.

On peut penser qu’à la volonté de représailles de certains éléments extrémistes chrétiens s’est ajoutée la rancoeur accumulée par la population autochtone contre les nouveaux colons musulmans venus de Java ou des Célèbes dans cette province. Cette immigration, favorisée et financée depuis des dizaines d’années par les autorités centrales de Jakarta, est très mal accueillie par les habitants des lieux.

Par ailleurs, les agences de presse rapportent des versions des faits recueillies à Kupang même, et confirmées dans un communiqué de l’Eglise protestante évangélique au Timor, selon lesquelles les principaux émeutiers seraient venus en camion de l’extérieur de la ville. Des rumeurs auraient été répandues à l’intérieur du rassemblement, affirmant que l’église protestante et la cathédrale catholique avaient été détruites.