Eglises d'Asie

Unanimes, les responsables chrétiens présentent leurs excuses pour les événements de Kupang

Publié le 18/03/2010




Les événements de Kupang et de Roti ont surpris et ému la plupart des responsables des Eglises chrétiennes. Leurs réactions ont été vives et rapides. Ils ont exprimé publiquement leur désapprobation, ont fait parvenir excuses et regrets auprès des milieux musulmans et ont activement organisé l’aide aux victimes.

Les organisateurs catholiques et protestants du rassemblement de deuil qui, le 30 novembre, à Kupang, a dégénéré en émeute, ont été les premiers à adresser leur demande de pardon aux représentants de l’islam. Dès le lendemain des émeutes, le 1er décembre, dans un communiqué envoyé à de nombreuses institutions religieuses, le forum des jeunes chrétiens, qui rassemblait les quatre organisations catholiques et protestantes à l’origine de la journée de deuil, exprimait ses regrets pour la démolition des mosquées ainsi que pour le saccage des maisons et boutiques appartenant à des musulmans. Il condamnait les actes des personnes “irresponsables” qui avaient dévoyé les nobles intentions animant ce rassemblement pacifique.

L’archevêque du lieu, Mgr Petrus Turang, qui participait à la réunion de la conférence épiscopale à Jakarta au moment de l’émeute a confié, le jour-même, à la presse, le profond regret qu’il éprouvait pour ces agissements et a formulé ses excuses publiques. Rentré chez lui, il a déploré que l’esprit de tolérance maintenu pendant des siècles entre les religions ait pu ainsi disparaître en l’espace de deux jours. Dès le dimanche suivant, le produit des quêtes a été consacré à l’assistance des victimes de la manifestation. En outre, le diocèse catholique, en coopération avec l’Eglise évangélique protestante au Timor et le quotidien “Pos Kupang” a entrepris de recueillir des fonds pour la reconstruction des mosquées endommagées. Une équipe d’assistance aux victimes sans abri ou réfugiées en divers lieux a été mise en place. Dès la fin de la première semaine de décembre, elle avait distribué vivres et médicaments à quelque 2 000 musulmans hébergés dans des camps provisoires à la suite des émeutes. 40 enfants pensionnaires d’un orphelinat incendié durant la manifestation ont été également assistés par l’équipe diocésaine.

Dès l’annonce publique des troubles, quelques heures après leur début, les évêques catholiques qui tenaient leur réunion annuelle à Jakarta ont immédiatement réagi. Leur communiqué signé du président et du secrétaire général de la Conférence épiscopale, affirme notamment : Nous demandons pardon aux victimes et aux musulmans dont les coeurs ont été heurtés alors que leurs lieux de culte étaient pillés ou incendiés, car il est très possible que quelquesuns de nos fidèles aient été impliqués dans ces violencesAucune raison ne peut justifier les attaques des lieux de culte, ont poursuivi les évêques qui ont aussi invité les catholiques à coopérer activement à la reconstruction des lieux de culte dans un esprit de solidarité et de fraternité. Ils ont mis en garde leurs fidèles: Toute violence qui s’inscrirait à la suite de celleci ne pourrait qu’augmenter le poids de nos pertes et de nos souffrances“.

Le communiqué de la Communion des Eglises protestantes en Indonésie a également paru le jour même. Les dirigeants protestants y affirment partager les doléances de leurs frères musulmans et demandent pardon pour chaque membre de leurs Eglises impliqué dans les troubles. Selon eux, la violence utilisant des symboles religieux est le signe d’une énorme régression morale. Ils appellent les chrétiens et leurs compatriotes de toutes religions, à ne pas se laisser prendre au piège des conflits entre divers groupes utilisant des symboles religieux.