Eglises d'Asie

L’Eglise catholique décline l’offre du président de participer au Conseil d’Etat pour la sécurité et le renforcement de l’ordre

Publié le 18/03/2010




Les représentants de l’Eglise catholique tout comme ceux de la Commission nationale des droits de l’homme ont décidé de ne point occuper les sièges réservés pour eux au sein d’un nouvel organisme, le “Conseil d’Etat pour la Sécurité”, dont la création a été annoncée au début du mois de décembre par le président B.J. Habibie. La Commission des droits de l’homme, selon des propos tenus à ce sujet par son président et rapportés par le Jakarta Post, a déjà fait connaître au secrétaire d’Etat sa décision de ne point participer aux débats de cette assemblée, estimant que le rôle qu’elle y jouerait n’était pas approprié à ses fonctions. Selon le même journal, la Conférence épiscopale de l’Eglise catholique aurait adopté une attitude analogue et aurait fait valoir le principe de non-engagement dans les affaires d’Etat, auquel elle s’est toujours tenue. Le journal précise même la nature de ce refus en citant la déclaration d’un membre de la Conférence qui n’a pas donné son nom : “Le gouvernement ne devrait pas mélanger les fonctions et l’autorité des Eglises avec celles de l’EtatDéjà dans un passé récent, l’Eglise indonésienne a décliné des offres gouvernementales de participer au Conseil consultatif suprême et à l’Assemblée consultative du peuple.

La création du Conseil d’Etat pour le renforcement de la sécurité et de l’ordre a été annoncée par le président un jour après qu’il eut rejeté l’appel à un dialogue national, lancé par le général Agum Gumelar et le dirigeant musulman bien connu, Abdurrahman “Gus Dur” Wahid, en vue de lutter contre les troubles qui sévissent dans le pays. Le nouvel organisme, placé sous la direction du président Habibie lui-même, sera supervisé au quotidien par le chef des forces armées, le général Wiranto. Il comprendra 34 membres, parmi lesquels 23 représentants de cabinets ministériels, le chef de la police nationale, le responsable du service des renseignements et divers dirigeants de Conseils religieux.

Observateurs et diplomates s’interrogent sur l’efficacité réelle de l’organisme nouvellement fondé et remarquent que les limites du domaine où s’exercera son autorité restent, pour le moment, dangereusement floues. Le président, selon eux, essaye de compliquer encore davantage une situation déjà complexe. Après une période de sept mois durant laquelle il a été mis en question par les protestations et les émeutes étudiantes, il essayerait, par ce biais, de compenser son propre rejet hors du dialogue national en y engageant des personnalités appartenant au gouvernement comme à la société civile.

Lors d’une rencontre avec le président Habibie, qui a eu lieu le 13 décembre, Abdurrahman Wahid a affirmé à son interlocuteur que la fixation d’une date ferme pour l’élection du président contribuerait très certainement à calmer les esprits surexcités par les derniers troubles.

En effet, les perspectives actuelles restent obscures. Le président Habibie a certes annoncé que des élections générales auraient lieu le 7 juin 1999 et qu’un nouveau président serait installé en novembre 1999. Mais, selon les dispositions de l’actuelle constitution, le président est élu, non pas directement, mais par l’Assemblée consultative du peuple.