Eglises d'Asie

Selon une commission épiscopale, le gouvernement accorde trop peu de considération aux droits des travailleurs migrants

Publié le 18/03/2010




Selon la Commission épiscopale pour la pastorale des migrants et des itinérants, il est à craindre que le gouvernement ne favorise le départ d’un nombre considérable de travailleurs philippins à l’étranger au détriment de la protection de leurs droits. Le P. Paulo Prigol, secrétaire de cette commission, a fait état d’un rapport de l’administration philippine estimant à quelque 4,5 millions le nombre de travailleurs à l’extérieur du pays, alors que, initialement, le travail à l’étranger était considéré comme une mesure temporaire destinée à favoriser la croissance économique. Les considérables intérêts économiques en jeu et, en particulier, les six milliards de dollars envoyés au pays par les Philippins à l’étranger poussent les autorités à négliger l’importance des droits des ressortissants philippins émigrés.

En de nombreux domaines, le non-respect des droits des Philippins à l’étranger est patent, comme est évident le peu d’attention que leur portent les autorités nationales et internationales. Le P. Prigol a mentionné un rapport publié en novembre dernier, essayant de faire la lumière sur la mort d’un certain nombre de travailleurs philippins à l’étranger. Il a révélé à ce sujet des choses inquiétantes. De janvier à septembre 1998, 139 femmes et 367 hommes de nationalité philippine à l’étranger sont morts sur leurs lieux de travail. 10 % ont été victimes d’un arrêt cardiaque, ou d’une affection se rapportant au coeur. Le décès de 40 % d’entre eux est dû à d’autres causes naturelles, tandis que pour 10 % des décès, les causes restent inconnues ou non identifiées. Parmi les autres motifs ayant entraîné la mort de ces travailleurs, le rapport cite les accidents de voiture, les noyades, les suicides et les assassinats.

Par ailleurs, le P. Prigol a énuméré un certain nombre de cas de disparitions, d’emprisonnements, de mauvais traitements et d’exploitation dont l’étude est en cours depuis longtemps auprès de la Commission nationale des relations du travail, sans que de solutions ne leur aient été données. Il a cité, en particulier, le cas de Violeta Miranda qui a récemment retenu l’attention du pays. Cette infirmière philippine a été arrêtée et emprisonnée en Arabie Saoudite, sous l’accusation de transport de drogue. Bien qu’elle ait été innocentée par la police saoudienne en novembre dernier, elle est toujours en détention. Le président Estrada est intervenu personnellement auprès du roi Fahd Bin Abdulaziz Al-Saud dans une lettre qui demandait aussi l’indulgence pour sept autres travailleurs philippins dans ce pays, accusés de vol accompagné de meurtre. Leurs familles aux Philippines ont proposé de payer une amende, ce qui leur a été refusé par le Conseil judiciaire suprême de Riyadh.

C’est pourquoi, la commission épiscopale demande que soit pleinement appliqué l’Acte de 1995 concernant les travailleurs migrants et les Philippins à l’étranger, qui exige que la protection des droits des migrants soit considérée comme une priorité. La commission suit aussi avec beaucoup d’attention la ratification de la Convention des Nations Unies pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leurs familles, promulguée en 1991. Les Philippines sont le seul pays d’Asie parmi les neuf nations ayant déjà signé cette convention qui contiendra des dispositions destinées à protéger les droits de cette catégorie de travailleurs.

Un programme d’accompagnement pastoral des travailleurs philippins à l’étranger a été préparé. Il prévoit une série de rencontres des agents de la pastorale auprès des Philippins dans le monde entier, qui s’achèvera par un congrès qui se rassemblera à Rome au mois de mai 2000.