Eglises d'Asie

Un bilan de la vie de l’Eglise en Asie pour l’année 1998

Publié le 18/03/2010




De très nombreux faits et des évolutions diverses ont marqué la vie de l’Eglise en Asie, cette année, et sont dignes d’être remarqués. Cependant, certains seulement peuvent être retenus comme plus importants : le rôle joué par l’Asie à l’intérieur de l’Eglise universelle, la tenue de l’Assemblée spéciale du Synode des évêques d’Asie, la crise économique qui, bien qu’entamée en juin 1997 en Thaïlande, a durement frappé, encore en 1998, la majorité des pays de l’Asie du Sud-Est, les violences interreligieuses, et enfin l’existence de certains courants théologiques qui inquiètent les autorités romaines.

On peut noter pour débuter les diverses nominations qui témoignent de la place de plus en plus grande des Eglises d’Asie au sein de l’Eglise universelle: l’accession au cardinalat de Mgr Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung, à Taïwan, la nomination de l’archevêque japonais, Mgr Fumio Hamao, à la tête du Conseil pontifical pour la pastorale des migrants et des itinérants, la nomination de l’archevêque vietnamien, Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân, à la tête du Conseil pontifical “Justice et paix”.

Il faut reconnaître que par sa préparation longue et soignée, par certains problèmes mis en débat dans diverses Eglises d’Asie, par la qualité des interventions et des discussions lors de l’assemblée proprement dite à Rome et par les effets qu’il aura sans doute, le Synode des Evêques d’Asie constitue, à n’en point douter, l’événement le plus marquant de cette année 1998. Il s’est ouvert au Vatican, le 19 avril par une invitation du Pape aux Eglises d’Asie d’adopter une approche missionnaire neuve de l’évangélisation, respectueuse des réalités asiatiques. Il s’est achevé par un message final des Pères du synode. Mais sa vraie conclusion sera l’exhortation post-synodale que le Pape prononcera quelque part en Asie. Pour certains, un des plus clairs résultats du synode d’Asie aura été de reconnaître et d’avaliser le travail effectué en Asie, depuis 25 ans, par la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC). C’est pendant le Synode qu’il a été annoncé que les Eglises du Kazakhstan, du Kyrgizistan, de Sibérie, du Tajikistan, du Turkmenistan et de l’Uzbekistan se joignaient à la FABC comme membres associés.

Les turbulences économiques qui ont bouleversé la situation en de nombreux pays d’Asie ont suscité de très nombreuses réactions et initiatives ecclésiales. Le pape Jean-Paul II à dit en janvier que la crise économique nous invitait à réfléchir sérieusement à la moralité des échanges financiers et économiques qui ont connu un considérable développement au cours des années récentesAu cours de l’année, les intellectuels catholiques, les supérieurs majeurs d’Asie, les jeunes étudiants chrétiens d’Asie du sud et du sud-est, les théologiens ont organisé des forums pour débattre du rôle de l’Eglise en face de la crise économique. Au début du mois de mars, dans une réunion destinée à préparer le Synode à Manille, on a énuméré les divers facteurs ayant favorisé la crise : la croissance économique, la corruption, l’absence de gestion à long terme. Mais c’est la spéculation sur le capital qui a surtout été blâmée, ainsi que la politique des institutions financières internationales, qui ébranle les pouvoirs politiques et économiques régionaux. Un Forum organisé par Pax Romana à Séoul a conclu ses débats en constatant que la crise économique appelait l’Eglise à des changements spirituels fondamentaux et à de nouveaux engagements.

Dans divers pays d’Asie, l’année 1998 a été aussi marquée par des accès de violence dirigées contre les minorités religieuses. Plus de 90 incidents violents ont été dénombrés en Inde, de nombreuses églises ont été brûlées en Indonésie, tandis qu’au Pakistan des chrétiens étaient persécutés au nom de la loi sur le blasphème. Le 6 mai, l’évêque catholique, Mgr John Joseph, de Faisalabad, se donnait la mort pour protester contre le fondamentalisme religieux et contre les injustices commises contre les minorités religieuses.

Enfin, de nouvelles mises en garde de la Congrégation pour la doctrine de la foi ont été lancées contre des courants théologiques propres à l’Asie. Le théologien srilankais Tissa Balasuriya qui avait encouru l’excommunication en 1997 pour un de ses ouvrages en a été relevé au mois de janvier 1998. Par contre, des écrits du jésuite Antony de Mello ont été déclarés incompatibles avec la foi catholique, au mois de juin. Au mois de novembre, le P. Jacques Dupuis, enseignant en Inde pendant 25 ans, se voyait donner un délai de trois mois pour répondre à une enquête concernant son livre Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux