Eglises d'Asie

Assam : pour avoir adapté des hymnes d’une secte hindoue au culte chrétien, un prêtre catholique est obligé de faire des excuses

Publié le 18/03/2010




Les efforts d’adaptation d’un prêtre catholique, le P. Joy Pallikunnel, du diocèse de Dibrugarh, ont entraîné de très vives réactions des milieux hindous de la région, choqués par l’introduction d’éléments de la doctrine chrétienne à l’intérieur d’hymnes traditionnels de l’hindouisme.

La tentative malheureuse du P. Joy Pallikunnel a eu lieu dans l’Etat d’Assam où la plupart des 22,3 millions d’habitants suivent le Vaishnavisme, culte introduit dans l’Etat il y a quelque 500 ans par un réformateur religieux, Srimanta Shankardev. Les fidèles de cette secte hindoue rendent un culte spécial au dieu Vishnou. Il y a deux ans, le prêtre catholique a commencé à utiliser pour le culte chrétien des hymnes composés par Srimanta Shankardev et par son successeur Madahavdev en l’honneur de Vishnou et de ses dix incarnations, en y introduisant des thèmes de sa propre religion.

Les dirigeants hindous locaux se sont scandalisés en prenant connaissance des transformations apportées au texte des hymnes par le prêtre catholique. L’institution suprême du vaishnavisme dans la région, le Grand Conseil de l’Ecriture, a jugé sacrilège cette intrusion de l’Eglise chrétienne à l’intérieur des Ecritures d’une autre religion. Le président du Grand Conseil a déclaré que les livrets contenant les cantiques transformés par le prêtre heurtaient le sentiment religieux des fidèles du vaishnavisme et que des manifestations seraient organisées contre ces publications infamantes.

Menacé d’être traduit devant les tribunaux, le P. Pallikunnel, qui est principal d’une école dans le district de Sibsagar, a dû présenter des excuses publiques, le 24 décembre dernier et livrer à la police les exemplaires restants du livret contenant les hymnes en question. Dans les milieux chrétiens, diverses critiques lui ont également été faites. Ses efforts d’adaptation ont été qualifiés de malavisés. On lui a reproché son manque de prudence et son peu de respect pour les cultures. Un religieux salésien bibliste a fait remarquer que jamais dans l’histoire un compositeur du pays d’Assam n’avait osé toucher au texte des hymnes de Shankardev et Madhavdev.

Avant d’être réduit au silence sous la pression hindoue, le P. Pallikunnel s’est vigoureusement défendu. Il a en particulier fait valoir que ses hymnes étaient populaires et avaient reçu un accueil favorable au sein des milieux chrétiens. A son avis, la pression exercée sur lui provenait de ceux qui avaient peur de perdre leur influence si le christianisme se dépouillait de son caractère occidental. Sa tentative, a-t-il affirmé, ne manifestait aucun irrespect à l’égard des textes religieux du vaishnavisme. Il avait seulement voulu offrir le message du Christ par le canal de la très riche tradition religieuse de l’Assam.