Eglises d'Asie

Le gouvernement s’inquiète de la résurgence de la secte Aum, responsable de l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement japonais a tiré la sonnette l’alarme, lundi 11 janvier, devant l’alarmante résurgence de la secte Aum, culte de la Suprême vérité du dernier jour, condamnée pour son attaque au gaz neurotoxique sarin dans le métro de Tôkyô en 1995 (16).

“Aum vérité suprême a retrouvé sa force et en est aux deux tiers de sa puissance de jadis”, a déclaré Hiromu Nonaka, secrétaire général du gouvernement, à des journalistes. “Nous devons être très vigilants”. Cette déclaration a eu lieu après une rencontre des membres du conseil des ministres chargés du renseignement et de la sécurité publique. Nonaka a déclaré que la rencontre avait été surtout consacrée à cette secte religieuse fondée il y a 14 ans, à une recrudescence de cas d’empoisonnement individuels et aux menaces nucléaires et attaques terroristes à l’étranger.

La secte Aum avait échappé à une mise hors la loi en janvier 1997 pour ses activité subversives, bien qu’elle fut responsable de crimes atroces comme les attentats au gaz sarin à Tokyo et à Matsumoto, une petite ville de province, en 1994, ou le meurtre d’un avocat adversaire de la secte et de sa famille en 1989. Le jury avait jugé qu’il n’y avait aucune raison de croire la secte capable d’être encore une menace pour la société puisque tous ses principaux dirigeants étaient en prison et que le nombre des adhérents était tombé à un millier environ.

“Personnellement, je regrette que la loi ne lui ait pas été appliquée”, a déclaré le secrétaire général du gouvernement. “A l’époque, elle ne l’a pas été parce qu’on présumait qu’Aum shinrikyo ne pourrait jamais se relever”. La loi n’a jamais été appliquée contre de telles organisations religieuses depuis qu’elle a été votée en 1952 pour contrer les groupes d’extrême gauche de l’époque. Par contre, des militants des droits de l’homme et des libéraux qui menaient campagne contre Aum ont été neutralisés grâce à cette loi. L’Agence pour la sécurité publique a multiplié les avertissements concernant la secte qu’elle dit encore être obsédée par la dangereuse doctrine d’une guerre apocalyptique contre l’ordre établi.

Le gourou à moitié aveugle, fondateur de la secte Aum, Shoko Asahara, avait organisé, en 1984, à Tokyo, ce qui n’était alors qu’un petit groupe de yoga. Mélange de mysticisme indien et de bouddhisme primitif, la secte se développa jusqu’à recruter plusieurs milliers d’adhérents au Japon et dans un certain nombre d’autres pays, y compris la Russie. Elle produisit, en secret, gaz toxiques et armes.

En septembre dernier, l’Agence signalait que le nombre des adeptes d’Aum dépassait les 1 500 au Japon, grâce à un financement obtenu par la vente à bas prix d’ordinateurs lui ayant rapporté 4 milliards de yen en 1998 (37 millions de dollars U.S). L’Agence signale aussi que la secte s’est regroupée dans plus d’une vingtaine d’appartements tout autour de la prison du nord de Tôkyô où est détenu son gourou, Asahara, 43 ans, chargé de 17 chefs d’accusation dont l’instigation du massacre du métro avec l’agent neurotoxique des nazis, le gaz sarin, qui fit 12 morts et des milliers de blessés. Il est accusé également de l’autre attaque au même gaz à Matsumoto et qui fit 7 morts.

Ces derniers mois, la police japonaise s’est activée pour essayer de contenir l’expansion de la secte. Lundi 11 janvier, la police de Tôkyô a lancé un mandat d’arrêt contre un de ses membres suspecté d’un détournement de fonds au détriment d’une société étrangère de démarchage à domicile. Tomoyo Kobayashi, 35 ans, qui faisait du porte à porte pour la société américaine Amway, est recherchée parce que soupçonnée d’avoir empoché quelque 1 860 000 yens (17.000$US) au cours de ces deux dernière années. La police cherche aussi à localiser le nouveau quartier général de la secte à Tôkyô et dans sept autres localités. Le mois dernier, l’avocat principal d’Asahara était accusé d’une fraude minime jugée par les critiques comme simple prétexte à répression.