Eglises d'Asie

LETTRE PASTORALE DE LA CONFERENCE EPISCOPALE Sur les droits de l’homme

Publié le 18/03/2010




A tous nos frères catholiques dans la foi et à tous les hommes de bonne volonté.

Il y a cent ans, le 12 juin 1898, nous avons, en tant que peuple, déclaré notre indépendance après trois cents ans de régime colonial. Cinquante ans plus tard, le 10 décembre 1948, les Nations Unies approuvaient la Déclaration universelle des droits de l’homme, “une des plus hautes expressions de la conscience humaine de notre temps” (Jean Paul II, discours aux Nations Unies, n° 2, New York, 5 octobre 1995).

Ces deux événements historiques et importants ont très certainement une grande signification pour notre vie actuelle et future en tant que nation. Comment nous sommes-nous conduits dans notre quête d’une véritable liberté, d’une véritable justice sociale et d’un véritable développement, humaines aspirations de nos valeureux ancêtres pour lesquelles ils ont combattu et donné leur vie ? Avons-nous recherché la dignité humaine et les droits fondamentaux pour chacun et pour tous les Philippins ? Depuis la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, nous avons traversé plusieurs régimes politiques successifs, chacun promettant la réalisation des aspirations de tous les Philippins. Pourtant aucun n’y est parvenu. Nous avons même connu l’angoisse dans la plus sombre période politique de notre histoire de peuple libre. L’amer régime de la loi martiale (1972-1981) nous a refusé nos droits fondamentaux, nos libertés, supprimant dans la violence toutes les voix dissidentes importantes par des arrestations sans mandat, des détentions arbitraires, la torture et des condamnations à mort sans jugement, le tout au nom de la sécurité nationale et du développement. Douze ans se sont écoulés depuis les jours héroïques où la force non violente du Pouvoir populaire, mobilisé par les appels prophétiques des responsables religieux nous ont libérés d’une sordide brutalité. Ce fut le bref éclair de la brillance collective d’une petite nation qui stupéfia le monde entier et devint une leçon qui se reproduira ailleurs. Mais aujourd’hui, nous devons nous demander, qu’avons-nous à présenter à Dieu et au monde ?

La personne humaine, image de Dieu, fondement des droits de l’homme : “Ainsi Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa” (Genèse 1/27). Dans la pensée chrétienne, la vérité de la personne humaine créée à l’image de Dieu est le fondement de la dignité humaine et de tous les droits de l’homme. Indéniablement, “ce sont, en effet, les droits universels de l’homme, enracinés dans la nature de la personne, des droits qui reflètent les exigences objectives et inviolables de la loi morale universelle” (Jean Paul II, ibid.,n°31). Ce principe moral de la dignité humaine trouve sa suprême confirmation dans la révélation biblique de Jésus demandant ce qui est apparemment une contradiction: “Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient” (Lc 6.27). La simple logique de ce surprenant enseignement se retrouve dans ces mots: “Faites aux autres ce que vous voulez qu’ils fassent pour vous” (Lc 6.31). Mais au delà de la raison pratique d’être bien traité par les autres reste le fait que chaque personne humaine est réellement ennoblie et aimée de Dieu. “Observez les corbeaux, ils ne sèment ni ne moissonnent, ils n’ont ni cellier ni grenier et Dieu les nourrit. Combien plus valez-vous que les oiseaux !” (Lc 12.24).

Avec une formulation moins orientée, la Déclaration universelle des droits de l’homme fait écho à cette vérité. Elle affirme “l’inhérente dignité et les droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine”. Elle déclare que la reconnaissance de cette vérité “est le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde” (Préambule). Ainsi, le tout premier des 30 articles de la Déclaration stipule: “Tous les hommes sont nés libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et devraient agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité”. La vérité de la dignité humaine et de la liberté est un enseignement moral commun à toutes les anciennes grandes religions du monde. A partir de cette base morale commune, la Déclaration présente deux larges groupes de droits: (1) les droits civils et politique, et (2) les droits économiques, sociaux et culturels. Deux documents séparés, en 1976, parleront de ces droits: la Convention internationale sur les droits civils et politiques et la Convention internationale sur les droits économiques, sociaux et culturels. Les deux groupes visent à étendre ces droits à tous les peuples “libres de crainte et de misère”. Plus tard, en 1986, l’Assemblée générale des nations unies adoptera la Déclaration sur le droit et le développement qui sans équivoque déclare: “La personne humaine est le sujet central du développement et devrait être l’active participante et bénéficiaire du droit au développement” (Art. 2, n°1). La Déclaration universelle de 1948 se termine avec cet avertissement: “Rien dans cette Déclaration ne peut être interprété comme impliquant pour un Etat, un groupe ou une personne quelque droit à engager une action ou à accomplir un acte visant à la destruction d’un des droits et des libertés ci-inclus” (Art. 30)

Il est clair que, dans la compréhension globale des droits de l’homme, la responsabilité de la protection de ces droits appartient non seulement aux Etats mais aussi à chaque personne ou groupe. Dans un passé récent, certains groupements philippins de défense des droits de l’homme soutenaient que seulement l’Etat pouvait les violer. Ceci n’est pas exact et a été remis en cause depuis. Il est clair que des individus et des groupement autres que l’Etat, comme des groupes d’insurgés, violent les droits de l’homme et doivent être tenus pour responsables. Les évêques des Philippines avec le mouvement pour la défense des droits de l’homme y travaillent depuis 30 ans et nous sommes particulièrement fiers et reconnaissants pour les remarquables actions de milliers de laïcs, prêtres et religieuses. Beaucoup d’entre eux ont été eux-mêmes victimes des atteintes aux droits de l’homme. Les évêques catholiques ont apporté leur modeste contribution en tant que pasteurs de tous les croyants en faveur de la justice. Nous avons fait bien des déclarations, surtout à l’époque la plus critique de la loi martiale. Nous avons dénoncé des choses telles que arrestations arbitraires et détention, “liquidation et sauvetage”; polices secrètes, forces paramilitaires, ordre écrit d’habeas corpus, persécution des responsables laïcs, meurtres du personnel paroissial, de pasteurs, et de journalistes, idéologie de la sécurité nationale comme idéologie de la violence. Nous avons présenté des cas concrets. Nous avons dialogué avec les officiels du gouvernement tant au plan local que national. Notre rôle prophétique de pasteurs s’est terminé par notre déclaration de 1986 sur l’immoralité d’un gouvernement qui obtient le pouvoir par la fraude. Nous sommes pleins de reconnaissance envers Dieu qui nous aime parce que cette très importante déclaration a aidé bien des gens de notre peuple à soutenir la cause de la justice et de la vérité dans les jours qui ont suivi. Beaucoup de gens du monde entier ont estimé cette déclaration courageuse et historique. Cependant, nous étions tout aussi conscients que cette question des droits de l’homme était utilisée pour une avancée politique et même pour des intérêts idéologiques. Nous avons donc fait une déclaration pastorale en 1987 dénonçant l’utilisation manipulatrice des droits de l’homme. Aujourd’hui, cette déclaration de 1987 garde toute sa valeur.

Beaucoup de gouvernements et de groupes de pression utilisent la question des droits de l’homme comme un outil politique et idéologique. Ils l’utilisent à un double niveau, en en faisant “une condition” pour certains pays qui ont besoin d’aide alors qu’ils ignorent opportunément la question à l’égard d’autres quand leurs propres intérêts nationaux ou politiques sont en jeu. D’autres fulminent contre les atteintes aux droits de l’homme de leurs ennemis idéologiques alors qu’ils ignorent très opportunément les manquements de leur propres formations. Pour nous, la vérité et la justice et non les intérêts politiques ou idéologiques doivent être la base des droits de l’homme.

La situation de ces droits, aujourd’hui, nous semble, depuis l’époque de la loi martiale, avoir progressé de façon significative pour ce qui est des droits civils et politiques. Mais encore maintenant, quand nous regardons notre pays, nous sommes sérieusement troublés et consternés par les violations apparemment sans fin des droits de l’homme. C’est une longue litanie d’injustices contre les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels, y compris contre le droit au développement. Enumérons certaines violations majeures: enlèvements, disparitions, corruption profondément enracinée et rampante, fraudes électorales, suppression de facto de votants des listes électorales, arrestations arbitraires, détention en des lieux tenus secrets, tortures et autres traitements inhumains, condamnation à mort sans jugement tant du côté du gouvernement que des force rebelles, abus des CAFGU (unités de forces armées civiles territoriales) et autres groupes armés. Dans le monde judiciaire, inaction judiciaire démoralisante et retards, refus d’un procès juste et public par le biais de relations personnelles et professionnelles entre les juges, les individus et les groupes, retrait des témoins clés pour cause de menaces, recours aux “règlements à l’amiable” quand la justice pourrait être énergiquement poursuivie. Malgré un cessez-le-feu négocié, le gouvernement et le MILF (Front moro de libération islamique) s’accusent mutuellement de violer les droits de l’homme. D’autre part, civils, politiciens, policiers anciens membres et responsables de la NPA (l’Armée du peuple nouveau, communiste) sont condamnés sans procès par des insurgés jadis dénommés “tribunaux populaires” et exécutés. Aujourd’hui plus de 10 000 victimes des violations des droits de l’homme durant le régime de l’ancien président Ferdinand Marcos, continuent d’attendre une indemnisation toujours reportée. Des centaines de familles voient leur maison démolie pour cause de projets économiques et ne sont pas relogées. Le harcèlement sexuel, les viols et les violences familiales sont de sérieux et chroniques problèmes, aggravés par une “culture machiste” et le sentiment de honte à signaler l’incident. Quand les auteurs sont puissants, la justice est faible pour les victimes.

Voyons également à la lumière des libertés religieuses et de la liberté de conscience, la politique du gouvernement pour le contrôle de la population et ses réalisations tout à fait condamnables. Les droits de la famille sont violés aussi bien que les droits des enfants à naître. Beaucoup de travailleurs philippins d’outremer sont abusés et exploités. Dans certains pays, les chrétiens philippins risquent des peines sévères et même la mort quand ils pratiquent leur foi en conformité avec le droit à la liberté religieuse. Dans de tels cas, notre gouvernement est impuissant et ses appels se fondent sur des raisons humanitaires plutôt que sur des questions de justice ou de liberté religieuse garanties par la Déclaration universelle des droits de l’homme. Ironiquement, un pays comme le nôtre qui a restauré la peine de mort doit mendier la pitié devant des tribunaux d’autres pays quand nos propres concitoyens y sont condamnés à une peine similaire. Ces mêmes pays refusent la liberté religieuse aux ressortissants de pays dans lesquels eux mêmes en jouissent sereinement.

C’est la tâche de la communauté internationale de corriger les violations graves des droits humains fondamentaux. La pauvreté empêche des milliers d’enfants d’aller à l’école et oblige beaucoup d’entre eux à travailler, ce qui gêne leur propre développement. Les peuples autochtones sont affrontés à la perte de leurs terres ancestrales et à la destruction de leurs récoltes parce que des projets de développement mettent durement à mal leur environnement traditionnel. Leurs droits à une participation et à un développement significatif sont souvent ignorés. Ils manquent grandement des services de base, de santé et d’éducation. Comme la situation économique empire, les droits des travailleurs à l’association, à la grève, à la sécurité ou à la négociation vont de plus en plus en s’amenuisant, légalement et illégalement. Le système “main d’oeuvre seulement” en sous-traitance est un prétexte quelquefois utilisé par les employeurs pour échapper à leurs obligations vis-à-vis des travailleurs et briser les syndicats. D’un autre côté, c’est la conviction populaire que beaucoup de responsables syndicaux, travaillent dans leur propre intérêt et s’enrichissent en exploitant leurs membres. De plus, le droit au développement des fermiers et autres travailleurs agricoles est négligé ou, au mieux, est subordonné à l’industrialisation et au manque de compétitivité économique globale. Bien des métayers souffrent, comme ceux du Bukidnon de la MAPALAD (Coopérative polyvalente de Sumilao, à Mindanao), à cause des demandes contradictoires de terrains entre les puissants et les transformations massives des terres au nom du développement. Dans tous ces cas de figures, la véritable réforme agraire est délibérément ignorée. La pêche à grande échelle, souvent le fait des compagnies étrangères, a privé les petits pêcheurs de leur unique moyen de vivre. Il est bien connu que des reportages de journalistes irresponsables ont détruit le droit fondamental des personnes à l’honorabilité.

La situation telle qu’elle vient d’être décrite des droits de l’homme aujourd’hui exige de notre part, une sévère mise en garde morale. Nous en appelons à notre gouvernement pour qu’il fasse tout ce qu’il est légalement possible pour traduire en justice ceux qui violent les droits de l’homme, pour corriger les structures sociales qui permettent que soient perpétrées ces violations spécialement à l’égard des pauvres, des autochtones, des femmes et des enfants, et vérifier que des violations ne soient pas perpétrées par nos forces de sécurité.

Affronter le défi des droits de l’homme: convictions, solidarité

Vraiment aujourd’hui, les injustices commises contre la dignité de l’homme et ses droits font de notre célébration du centième anniversaire de notre Déclaration d’indépendance et du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme quelque chose de presque ridicule. Cette situation est vraiment un défi pour nous tous. Il nous faut poursuivre notre tâche de défendre et promouvoir les droite de l’homme avec les convictions suivantes:

1. Les droits de l’homme sont, vraiment, universels et indivisibles. Ils sont fondés sur la dignité transcendantale inviolable de la dignité de l’être humain et ne peuvent découler d’enquêtes d’opinion démocratiques ou de convictions “politiquement ou idéologiquement correctes” suivies de quelques changements de temps en temps. On ne peut mettre de côté un de ces droits et l’ignorer tout en donnant priorité à un autre. Malheureusement, un certain nombre de pays développés, en vue de préserver leur position de force, font pression sur les peuples et les gouvernement des pays en voie de développement pour qu’ils adoptent les droits politiques et civils tout en ignorant leurs droits économiques, sociaux et culturels. D’autre part, certains responsables de ces pays suppriment les droits civils et politiques au profit d’une développement économique à promouvoir. Ils citent même les différences culturelles comme une raison supplémentaire. C’est notre conviction que les différences culturelles et religieuses complètent plutôt qu’elles ne rejettent l’universalité et l’indivisibilité des droits de l’homme.

2. Les droits de l’homme sont des dons de Dieu et nous, comme membres de la même famille humaine, avons à forger un réseau étroit de “solidarité sociale” (Jean Paul II, ibid., n° 4. “Un facteur décisif du succès de ces révolutions non violentes est l’expérience de la solidarité sociale: en face des régimes soutenus pas la puissance de la propagande et de la terreur, cette solidarité est l’âme des faibles sans pouvoiren même temps qu’un autre réseau pour protéger et défendre les droits de l’homme, spécialement ceux des “derniers de nos frères”, comme impératif d’une croissance humaine ensemble.

3. Il y a des droits de l’homme qui doivent être reconnus et davantage développés. Parmi eux les droits des enfants et des femmes ensemble, ceux des enfants à naître, les droits des communautés et peuples autochtones, le droit à sa propre culture et à son identité. La promotion de tels droits est spécialement urgente aux Philippines alors que les cultures des peuples autochtones sont constamment menacées par ce qu’on appelle “l’agression du développementEn outre, il est nécessaire de développer les droits des nations, ainsi que le fait remarquer Jean Paul II (Discours aux nations Unies, 1955, n° 6). Finalement, avec l’augmentation des biotechnologies il est également nécessaire d’être prudent quant à vouloir accorder des brevets commerciaux ou des droits de propriété intellectuelle pour l’utilisation des connaissances et du savoir-faire des autochtones afin de fournir de la nourriture, comme par exemple, faire breveter les différentes variétés de riz, et préserver ainsi les systèmes de santé. Un tel processus aboutirait à en donner le contrôle aux sociétés et en limiter l’accès aux démunis. Cela permettrait aussi aux sociétés d’avoir la propriété des droits sur la façon de vivre et ses composantes, avec, pour effet, à travers l’ingénierie génétique, de l’altérer en faveur du profit.

4. Les violations des droits de l’homme aujourd’hui ne sont pas seulement le fait d’individualités ou de groupes mais sont déjà — sous forme de péché de société — insérées dans les structures sociales, la politique et les lois créatrices de discriminations entre les personnes et les groupes, spécialement à l’encontre des secteurs les plus faibles de la société. Les problèmes de la réforme agraire, la récente loi sur l’exploitation minière et une corruption endémique largement répandue sont autant d’exemples.

5. En dernière analyse, la pierre d’assise sur laquelle nous devons bâtir une société respectueuse des droits de l’homme est la force de l’amour. C’est, en fin de compte, le nom traditionnel et précieux qu’on donne à la valeur de la solidarité humaine. Il n’y a pas de véritable et large respect de la dignité humaine, pas de respect des droits de l’homme sans que tous, indépendamment de la race, de la religion, du sexe, de l’appartenance ethnique ou de la classe, nous nous aimions les uns les autres. Dans les Ecritures chrétiennes une telle charité est désignée comme le second des plus grands commandements: “Tu aimeras ton prochain comme toi mêmeEt le premier de qui dépend toute justice et tout droit est: “Tu aimeras ton Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée” (Mat 22, 36.38).

6. Donc, dans la lutte pour la défense et la promotion des droits de l’homme, il nous faut toujours confier nos efforts au Dieu tout-puissant, Créateur de la dignité humaine, Libérateur et Rédempteur de la communauté humaine de toute forme de péché, y compris le péché de société. Sans prière, tout effort pour une transformation sociale sera sans résultat.

Conclusion

A l’occasion du 50ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, pleins de reconnaissance, nous rendons grâce et remercions l’héroïque contribution de nombreuses personnes et instances dévouées à la cause des droits de l’homme dans notre pays. Des milliers d’hommes et de femmes, de toutes convictions religieuses, individuellement ou dans des organisations adéquates, dans le cadre de l’Eglise ou autrement, ont été à l’avant-garde du mouvement pour la défense des droits de l’homme dans le pays, depuis le début de la loi martiale jusqu’à son démantèlement et jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, les hommes de bonne volonté auront besoin d’une plus grande solidarité réciproque. L’indivisibilité des droits de l’homme fait que vouloir les défendre comme les promouvoir devient plus complexe et difficile. La liberté de parole et la liberté de culte en accord avec sa conscience sont inextricablement liées avec le droit au développement. Il s’agit ainsi d’une étroite interconnexion avec les autres droits. De plus, les forces de manipulation et d’oppression sont nombreuses, à la fois locales et mondiales. Nous avons besoin de discerner plus clairement leurs visages. Le très subtil processus de mondialisation développe des valeurs économiques, politiques, sociales et culturelles qui envahissent nos consciences de façon habile à travers les médias et autres avancées technologiques. Des formes de liberté et de droit, sans morale, sont apparues.

Face au futur, nous offrons humblement à tous les hommes de bonne volonté de notre pays la vision d’une société où prévaudrait le respect de la dignité de l’homme et de ses droits: un ordre social “fondé en vérité, édifié sur la justice et vivifié par l’amouret “croissant dans la liberté pour y trouver un équilibre toujours plus humain” (Gaudium et spes, n° 26). Dans cette perspective, nous nous engageons, nous et nos centres diocésains d’action sociale, à joindre nos mains à celles de tous pour une action moralement légitime en faveur de la dignité de l’homme et de ses droits. Nous engageons nos paroisses, les communautés de bases ecclésiales, les associations religieuses, les programmes pastoraux et les institutions religieuses à fournir leur part d’effort pour former les Philippins à la justice, à la paix et aux droits de l’homme. C’est ce que nous faisons, par l’intercession de Marie, la Mère du Seigneur Jésus, lequel manifesta sa propre dignité humaine de la seule manière possible, aimer et servir les autres, spécialement les opprimés.