Eglises d'Asie

Une délégation chrétienne a présenté le dossier des “atrocités” perpétrées dans l’Etat du Gujarat au premier ministre

Publié le 18/03/2010




Le 4 janvier 1999, une délégation chrétienne a rencontré le premier ministre de l’Inde, Atal Behari Vajpayee, pour lui présenter ses doléances devant les atrocités commises contre les chrétiens de l’Etat du Gujarat au nord-ouest de l’Inde (10). La délégation était conduite par l’archevêque catholique de Bangalore, Mgr Ignatius Pinto, et par Mgr Vasanth Kumar, de l’Eglise protestante de l’Inde du Sud. Les représentants chrétiens ont fait part au chef du gouvernement qui était accompagné du ministre de l’Intérieur, L.K. Advani, de l’angoisse ressentie par eux devant la multiplication des actions violentes menées contre la communauté chrétienne. Ils ont demandé au gouvernement fédéral d’enrayer ce type d’attaques, tout spécialement dans la région du Gujarat.

Un mémorandum remis par la délégation aux dirigeants indiens décrit la situation de l’Etat du Gujarat comme angoissante. C’est dans cette région que l’on a dénombré le nombre le plus élevé d’agressions contre les chrétiens au cours de l’année dernière. Pour la seule période du 24 décembre au 31 décembre 1998, les chrétiens de l’Etat ont subi 30 attaques. Le mémorandum a aussi rejeté avec force l’allégation de certains groupes hindouistes selon laquelle les violences exercées contre les communautés chrétiennes auraient été motivées par le fait que les missionnaires de cette région auraient procédé à des conversions forcées. Les accusateurs ont été sommés de présenter des preuves de leurs affirmations.

Par contre, les auteurs du mémorandum ont demandé aux autorités fédérales d’enquêter sur le comportement des autorités de l’Etat du Gujarat, accusées par beaucoup d’avoir encouragé la violence. Selon le mémorandum, les atrocités commises contre les communautés chrétiennes ne sont pas des événements isolés mais font partie d’un plan destiné à soumettre et intimider les chrétiens. Par ailleurs, les dirigeants hindouistes d’extrême-droite ont été accusés d’entretenir les passions.

Après avoir pris connaissance des faits présentés dans le mémorandum, le premier ministre a promis d’étudier spécialement le dossier des atrocités commises contre les chrétiens. Le ministre de l’Intérieur a, pour sa part, exprimé sa solidarité avec les chrétiens et promis d’essayer d’empêcher de futures attaques. Il a aussi admis que le droit de propager sa religion est un droit constitutionnel.

Ces déclarations de bonne volonté n’ont été suivies que de peu de mesures concrètes. Une visite du premier ministre dans l’Etat du Gujarat était prévue pour le 9 janvier (11). Il devait y rencontrer des représentants hindous et chrétiens. Auparavant, le 6 janvier, le ministre fédéral de l’Intérieur a suggéré au gouvernement du Gujarat de procéder au transfert des magistrats des districts de Dangs et de Surat, districts où ont eu lieu des attaques contre les chrétiens dès la veille de Noël 1998. Selon les chrétiens, l’un des magistrats a permis aux hindous du district de Dangs d’organiser une manifestation le jour de Noël bien qu’ayant été averti que celle-ci pourrait entraîner des troubles graves.

La Commission nationale pour les minorités, qui a pour mission de veiller à la sécurité des minorités de la région, a mis en place un Comité doté de pouvoirs statutaires, composé de trois membres et chargé d’enquêter spécialement sur les derniers événements. Son président est un sikh, Bawa Singh ; l’un de ses membres est un pasteur de l’Eglise protestante du Nord de l’Inde. Le comité a déjà convoqué le secrétaire général et le directeur général de la police du Gujarat à comparaître devant lui.