Eglises d'Asie

A Jakarta, des responsables chrétiens refusent de signer l’interdiction des services religieux dans des lieux autres que les lieux de culte

Publié le 18/03/2010




Les responsables chrétiens d’un grand ensemble de Jakarta-Est rapportent qu’ils ont été forcés de signer un accord interdisant les services religieux chrétiens dans des bâtiments non confessionnels.

Cet accord, signé par six délégués chrétiens, des responsables musulmans et des fonctionnaires de la subdivision administrative du quartier, le 15 décembre, prévoyait, à partir du 31 janvier, l’interdiction des activités religieuses chrétiennes qui se tiendraient dans des maison d’habitation ou des bâtiment non confessionnels du village de Pulo Gebang, dans le quartier de Cakung, à Jakarta-Est. Le Pasteur Joseph Ibrahim de l’Eglise oecuménique et président du Forum pour la communication et la consultation des chrétiens du village de Pulo Gebang, a déclaré à des journalistes, le 17 janvier, que son organisation avait rejeté cet accord. Il a expliqué que les délégués avaient été forcés de signer alors qu’ils avaient été mandatés par leurs associations respectives pour participer aux discussions et non pour prendre une quelconque décision. Le Pasteur Ibrahim précisait que la lettre d’invitation indiquait qu’il s’agissait seulement d’une délibération entre responsables musulmans, chrétiens et fonctionnaires de la subdivision administrative. Le Forum a porté plainte auprès du maire de Jakarta-Est, Andi Mappaganti, et mis en cause la validité de cet accord. La plainte était signée par le Pasteur Ibrahim et le catholique Robertus Marsudi Utomo, respectivement président et secrétaire du Forum.

Dans un mémorandum daté du 31 décembre, le Forum saisissait également le Komisi Nasional Hakhak Asasi Manusia (Kommas Ham, commission nationale des droits de l’homme) affirmant qu’un certain nombre de personnes qui se disaient représenter les musulmans avaient reconnus avoir obligé les responsables chrétiens à signer. Nous, chrétiens du Pulo Gebang Permai (grand ensemble) rejetons l’accord qui nous oblige d’arrêter les services religieux à partir du 31 janvier nous avions l’habitude de le faireindique le mémorandum. Les responsables chrétiens dans ce même mémorandum se plaignent du traitement discriminatoire des fonctionnaires locaux envers les chrétiens, leur refusant l’autorisation de construire une église depuis 10 ans. Le Forum demande au Kommas Ham d’inciter le gouvernement à clarifier le décret présidentiel n° 26 de septembre 1998, spécialement les articles deux et trois traitant de l’activité religieuse, et à réviser l’ancienne législation.

Dans leurs disputes avec les chrétiens sur l’attribution d’un permis de construire une église, les responsables musulmans et les officiels gouvernementaux se réfèrent toujours au décret conjoint du ministre des Religions et du ministre de l’Intérieur en 1969. Ce décret stipule que la construction d’un lieu de culte nécessite l’accord des résidants locaux. Le Pasteur Ibrahim a signalé aux journalistes qu’à l’approche de la date du 31 janvier les menaces contre les chrétiens du quartier se faisaient de plus en plus intenses. Dans leurs sermons du vendredi à la mosquée, les responsables musulmans avaient menacé de mobiliser 2 000 jeunes pour faire cesser les activités religieuses des chrétiens dans la résidence s’ils ne se soumettaient pas à l’accorddu 15 décembre, a-t-il affirmé. Les menaces contre les chrétiens du quartier avaient commencé dès décembre quand les activistes du Badan Pengelola Kegiatan Dakwah Islam (comité de propagande islamique) avaient poussé les officiels de la subdivision administrative à interdire les services religieux chrétiens à domicile.