Eglises d'Asie

Assam : un prêtre catholique libéré par ses ravisseurs de l’ethnie Santal après deux mois de détention

Publié le 18/03/2010




Le P. Thomas D’Silva, de l’archidiocèse de Guwahati au nord-est de l’Inde, après avoir séjourné deux mois auprès d’une minorité ethnique de la région, qui l’avait enlevé, a été libéré le 18 janvier. Selon le secrétaire de l’archidiocèse, il s’agit là d’une libération sans condition, résultats de deux mois d’efforts intenses et de négociations.

C’est le 16 novembre 1998, que des militants du groupe Santa Cobra de l’ethnie Santal avait kidnappé le P. D’Silva (6), curé de la paroisse Bashbari dans l’Etat d’Assam, un jeune prêtre de trente ans, ordonné en 1997, totalement engagé dans une oeuvre d’aide et de réhabilitation auprès des ethnies rivales, Santal et Bodo, en lutte l’une contre l’autre (7). Le prêtre, qui est aujourd’hui en bonne condition physique, a été gardé par ses ravisseurs au nombre desquels se trouvaient des chrétiens, à Satpura, dans le district de Gossaigaon de l’Etat d’Assam. Selon le P. Lukose Cheruvalel, secrétaire de l’archidiocèse, qui a annoncé cette libération, l’enlèvement du P. D’silva a eu pour effet d’unir la population chrétienne de la région dans le jeûne et la prière, efforts spirituels qui ne manqueront pas de porter des fruits dans un avenir proche, notamment pour ce qui concerne la paix de la région.

Selon le P Cheruvalel, le P. D’Silva n’est que l’une des plus de 2 000 victimes enlevées au cours des derniers mois. Généralement, il n’y a pas de libération sans le paiement d’une rançon, le non-paiement entraînant souvent la mort de l’otage. Le prêtre a cependant certifié que cela n’avait pas été le cas pour le P. D’Silva, l’Eglise n’ayant pas payé la rançon de 10,1 millions de roupies primitivement exigée. Elle a reçu l’aide et la collaboration de l’administration locale qui, généralement est de peu de secours en ces cas-là et considère tout paiement de la rançon comme une aide financière à la rébellion.

La libération a eu lieu à l’issue de négociations d’un style bien particulier, interminables et exténuantes, mais néanmoins éducatives pour les deux parties. Les négociateurs d’Eglise placés sous la direction de Mgr Thomas Menamparampil, archevêque de Guwahati, ont été très surpris par les mauvaises informations dont disposaient les militants Santal. Ceux-ci pensaient par exemple, que leurs rivaux Bodo avaient réussi à extorquer d’énormes sommes de l’Eglise catholique, ce qui les avait incités à demander eux aussi une somme considérable en guise de rançon.

Entre Santals et Bodos, la tension ne cesse de grandir depuis des années. Les Bodos s’inquiètent du nombre toujours plus grand de personnes n’appartenant pas à l’ethnie Bodo venant s’établir dans la région traditionnellement considérée comme la leur. Ils ont peur que cette affluence ne vienne affaiblir leurs revendications pour une nation Bodo indépendante, revendication déjà très ancienne.

En Assam, les missionnaires estiment à 75 000 le nombre de chrétiens de toutes dénominations au sein d’une population d’ethnie Bodo évaluée à 1,1 million de personnes.