Eglises d'Asie

Des jeunes de moins de quinze ans sont engagés dans les diverses guérillas qui sévissent aux Philippines

Publié le 18/03/2010




Il existe, aux Philippines, des pratiques contraires à la Convention de Genève sur les conflits armés, pratiques communes aussi bien aux séparatistes musulmans qu’aux guérilleros communistes. Elles consistent à recruter des jeunes enfants en vue de les intégrer dans des forces armées et de les engager dans des combats. Telle est la principale constatation qui ressort des premières observations recueillies par une commission de la Croix-Rouge internationale au cours de l’étape philippine d’une tournée mondiale effectuée pour enquêter sur l’observation de la Convention de Genève.

Les membres de la mission de la Croix-Rouge ont mené leurs recherches dans la région sud de l’île de Mindanao et ont constaté de multiples violations de la disposition de la convention interdisant le recrutement de combattants âgé de moins de quinze ans. De nombreux témoins des conflits qui sévissent dans les Philippines du sud depuis trois décennies, qu’ils soient guérilleros musulmans, enseignants, travailleurs sociaux, miliciens du gouvernement ou tout simplement paysans, ont témoigné devant la commission, en présence de certains représentants de la presse. Tous ont mentionné l’existence de combattants dont l’âge se situait probablement entre 13 et 17 ans. Ces révélations ont été faites par eux à condition de n’être pas nommés.

La présence d’adolescents en armes a été constatée de nombreuses fois au sein de l’Armée du Peuple nouveau. Des paysans en ont été témoins dans leur régions, mais aussi des travailleurs sociaux et des miliciens du gouvernement qui les ont aperçus même dans la banlieue de Davao. Certains témoins affirment que ces jeunes garçons ne sont armés que de revolvers, mais d’autres affirment les avoir vus équipés de fusils. Dans la province de Maguindanao, au centre de Mindanao, les enseignants n’ignorent pas que beaucoup de leurs élèves de sexe masculin sont recrutés par le Front moro de libération islamique, la branche séparée et encore en rébellion du Front moro de libération nationale, aujourd’hui en paix avec le gouvernement. Un des membres de la commission qui est allé enquêter dans la zone où des combats ont eu lieu au début de la dernière semaine de janvier (9) a entendu un enseignant musulman lui dire que 10 de ses 35 élèves étaient absents. Un autre témoin a assuré avoir vu ces élèves en train de se former dans un camp du Front moro de libération islamique, qu’ils avaient rejoint soit, sur l’injonction de leurs parents, soit de leur propre gré.

La commission a également enquêté auprès des guérillero islamiques qui ont, eux-mêmes, admis avoir des jeunes combattants dans leurs rangs. Ils ont ajouté cependant qu’ils ne faisaient partie que des “réserves”, qu’ils étaient gardé à l’intérieur des camps, où ils continuaient leur scolarité.

Le voyage d’enquête de la Croix rouge a commencé en Colombie en octobre 1997. Les enquêteurs doivent effectuer leurs recherches dans quatorze pays touchés par la guerre et six nations qui ne sont impliquées dans aucun conflit. La mission devrait être achevée au milieu de l’année 1999. Un rapport d’enquête sur les Philippines devait paraître au mois de mars de cette année. En attendant, les membres de la mission ont refusé de commenter aucun des témoignages recueillis.