Eglises d'Asie

La communauté protestante évangélique, en pleine croissance, rencontre encore beaucoup de difficultés

Publié le 18/03/2010




Selon un rapport paru dans Christianity Today, rédigé par un ancien missionnaire au Vietnam qui a voulu garder l’anonymat, la communauté des chrétiens évangélistes au Vietnam s’est considérablement développée au cours des 20 dernières années. Elle est estimée aujourd’hui à 700 000 fidèles, soit 7 fois plus qu’en 1975, date du changement de régime. Les plus remarquables progrès ont eu lieu au sein du peuple H’mong. Au cours des dix dernières années, le long de la frontière sino-vietnamienne, 120 000 H’mongs au moins ont embrassé le christianisme.

L’auteur du rapport, tout en reconnaissant que la situation des croyants s’est considérablement améliorée en comparaison de ce qu’elle était au cours des dix premières années du régime communiste au Sud, affirme cependant qu’il est encore dangereux de devenir chrétien au Vietnam et que les tracasseries et abus de pouvoir des autorités à l’encontre des protestants évangéliques y persistent dans une large mesure. Le rapport dresse un liste des entraves à liberté de religion et aux activités des fidèles.

Au moins neuf dirigeants protestants étaient en prison en 1998. Certains y purgent des peines de trois ans des prisons. D’autres y ont passé des mois sans qu’aucun jugement n’ait été prononcé contre eux. Beaucoup de dirigeants protestants appartenant aux minorités ethniques ont été arrêtés et détenus durant des périodes variables et dans des conditions lamentables.

Des constructions d’Eglise sont encore aujourd’hui confisqués. Un temple à Thanh My dans la province de Lâm Dông a été rasé au bulldozer en décembre 1997. Actuellement l’Eglise évangélique du Vietnam a fait appel d’une décision du Comité populaire urbain lui confisquant une propriété de grande valeur à An Dông.

Le culte célébré au Vietnam dans des milliers d'”églises domestiques” est régulièrement interrompu par des descentes de police. Les dirigeants et les propriétaires de la maison sont soumis à de lourdes amendes qui dépassent souvent les 100 dollars. La liberté de rassemblement n’est donc pas assurée au Vietnam, alors même que les lois vietnamiennes permettent des réunions de plus de vingt personnes à l’intérieur des maisons. Au cours des rafles menées à intervalles réguliers dans les églises domestiques, la police saisit également la littérature chrétienne trouvée sur place, y compris des bibles publiées avec l’autorisation officielle du gouvernement. L’instruction religieuse dans certaines régions, a lieu clandestinement. Le rapport cite le cas d’enfants, dans la province de Quang Ngai, mis en prison et torturés pendant une semaine pour n,’avoir pas voulu révéler l’identité de leur catéchiste

Dans la communauté protestante évangélique, en 22 ans, les autorités n’ont jusqu’ici autorisé que 13 étudiants à recevoir une formation pastorale. Aucune école théologique n’a pu s’ouvrir ; aucune ordination n’a été permise. Le renouvellement des pasteurs est ainsi rendu très difficile ; il existe cependant une formation clandestine grâce à laquelle une partie des besoins des fidèles est satisfaite.

Les problèmes existent aussi au plus haut niveau de la direction de l’Eglise aussi bien au Nord qu’au Sud. Au Nord-Vietnam, l’Eglise évangélique du Vietnam la seule Eglise reconnue par les autorités a récemment perdu son très ancien et très souple dirigeant, le révérend Bui Hoanh Thu. Les autorités du bureau des Affaires religieuses viennent de rendre visite à des personnalités de cette Eglise. Deux sujets ont été abordés: la tenue d’une prochain congrès de l’Eglise évangélique, le dernier ayant eu lieu, il y a neuf ans, et le choix d’un successeur pour l’ancien dirigeant décédé. Le même type de problèmes se pose au Sud-Vietnam où l’actuel dirigeant, âgé de 98 ans, a de sérieux problèmes de santé. Les autorités exigent que le remplaçant remplisse neuf conditions préalables, dont certaines, selon des fidèles de Hô Chi Minh-Ville, sont inacceptables. Si un candidat de compromis n’est pas trouvé il est à craindre que les autorités ne permettent pas la reprise des activités normales de l’Eglise, en particulier, les conférences annuelles destinées à choisir les dirigeants.