Eglises d'Asie

Mindanao : un cessez-le-feu est conclu entre l’armée et les rebelles musulmans après de très violents combats

Publié le 18/03/2010




Dans la soirée du mercredi 27 janvier, à Cotabato, dans l’île de Mindanao, l’armée philippine et le Front Moro de libération islamique sont parvenus à un accord de cessez-le-feu qui, s’il est appliqué, devrait mettre un terme aux violents combats engagés entre les deux parties depuis le début de la semaine. Selon le bilan donné par les militaires, les hostilités avaient fait, au 28 janvier, 31 morts (26 rebelles et 5 soldats) et 76 blessés des deux côtés, auxquels il faut ajouter les quelques 200 000 personnes qui ont dû être évacués de la région de Cotabato où se sont déroulés les engagements les plus intenses. Selon le communiqué du général Orlando Soriano, les pourparlers menés par une délégation gouvernementale et des représentants du Front ont abouti à un accord sur une cessation immédiate des combats et sur une prochaine rencontre, les 3 et 4 février, entre les deux antagonistes pour analyser les causes des récents affrontements. D’après le chef de l’armée philippine, au moins deux jours seront nécessaires avant que les nouveaux ordres soient transmis aux combattants en diverses régions.

Dans la semaine du 18 au 23 janvier, le Front moro de libération islamique avait lancé une série d’attaques contre des positions gouvernementales. Cette recrudescence des attaques a provoqué une réaction violente du président Joseph Estrada qui a annoncé qu’il “déclarait la guerre” aux rebelles. C’est dans la nuit du 25 au 26 qu’ont eu lieu les plus violents combats. Une attaque massive dans laquelle ont été engagés 2 000 hommes de troupe a été lancée contre le camp d’Omar, un camp d’entraînement des militants du Front moro, tout proche de la ville de Cotabato sur l’île de Mindanao. Etant donné le caractère explosif de la situation et la violence de l’attaque où l’artillerie et les hélicoptères ont été utilisés, la population a été déplacée dans les environs, hors de la zone de combats. Dans la soirée du mardi 26 janvier, le porte-parole des militaires faisait mention de neuf morts chez les rebelles et de deux morts, victimes d’une embuscade, chez les soldats de l’armée philippine.

Mercredi, 27 janvier, les deux antagonistes s’étaient encore affrontés sur un autre théâtre d’opération. Près de la ville de Buldon dans la province de Maguindanao, environ 1000 partisans du Front moro de libération islamique ont occupé une portion d’autoroute. Lors des accords de la nuit du 27 janvier, des tirs d’artillerie continuaient d’être échangés entre les parties en ce lieu. Dans la matinée du jeudi, à cause de la lenteur des communications, les combats continuaient encore ici et là, en certains endroits avec beaucoup de vigueur. Une centaine de rebelles ont lancé une attaque contre un bataillon d’infanterie dans la province de Sultan Kudarat. Plus à l’est près de la ville de Midsayap, après des combats avec les milices gouvernementales, les rebelles ont pris en otages les 500 élèves et les 70 enseignants d’une école élémentaire centrale. Au même moment, l’armée poursuivait le bombardement du camp d’Abubakar, principal camp d’entraînement des rebelles près de Cotabato, tandis qu’une panne d’électricité, attribuée par le gouvernement au sabotage des rebelles laissait une bonne partie de l’île de Mindanao sans lumière et sans source d’énergie.

Le Front moro de libération islamique dont les effectifs sont estimés à environ 12 000 guérilleros dispersés en diverses régions s’était détaché du Front moro de libération nationale en 1986, lorsque celui avait conclu un accord de paix avec le gouvernement des Philippines. Depuis, il poursuit sporadiquement les hostilités dans l’intention de créer un Etat musulman totalement indépendant. Il a plusieurs fois manifesté l’intention de conclure un traité de paix séparé avec les autorités philippines et pris des contacts avec des représentants du gouvernement dans ce but. Plusieurs cessez-le-feu ont déjà eu lieu à l’issue desquels le combat a repris.