Eglises d'Asie

Pour la première fois, le gouvernement indonésien parle d’indépendance pour le territoire ; beaucoup de Timorais restent perplexes

Publié le 18/03/2010




C’est d’abord dans l’euphorie que les habitants de Dili, capitale du Timor Oriental, ont accueilli, le 25 janvier, les déclarations d’Ali Alatas, ministre indonésien des Affaires étrangères, affirmant que, si la population de Timor ne voulait pas de l’autonomie proposée par Jakarta, l’Indonésie accepterait que le territoire devienne indépendant. Les déclarations d’Ali Alatas ont été renforcées le lendemain par le chef de l’armée, le général Wiranto, qui a dit que les militaires ne s’opposeraient pas à une éventuelle indépendance de Timor Oriental.

L’euphorie populaire a cependant rapidement laissé place à la perplexité. Si beaucoup d’habitants de Dili ont estimé que c’était une victoire pour le peuple de Timor Orientald’autres ont commencé à s’inquiéter : le territoire n’a que très peu de ressources naturelles et hérite d’un passé de divisions. Par ailleurs, les fonctionnaires et les militants pro-indonésiens de la capitale ont commencé à demander des armes pour pouvoir se défendre le cas échéant. Selon certains observateurs, trente d’entre eux auraient été assassinés au cours des derniers mois. On peut se demander en effet si les divisions de la population ne vont pas se traduire en guerre civile.

Selon Maria Olandina, membre du parlement régional de Dili, les choses prendront du temps avant de se préciser : Pour l’instant, les gens discutent l’offre indonésienne parce qu’ils n’y avaient pas pensé jusqu’à présentLe parlementaire estime aussi que le territoire a besoin de temps pour se préparer à l’indépendance : L’Indonésie est le seul pays qui puisse aider Timor Oriental à se mettre debout

De son côté, un fonctionnaire, qui préfère rester anonyme, affirme : Quand on voulait l’indépendance, ils (les Indonésiens) ne voulaient pas nous la donner. Aujourd’hui, ils nous la donnent alors qu’on ne leur demande rien. Personnellement, je ne veux pas d’une indépendance immédiate pour Timor Oriental. Ce doit être l’aboutissement d’un processus long. Une autonomie assez large devrait être considérée pendant une période de transition

Un militant indépendantiste, Manuel Carrascalao, qui dirige le Mouvement pour l’unité et la réconciliation, estime que l’offre indonésienne “n’est pas une solutionIl ajoute que la demande d’un référendum n’est pas une demande d’indépendanceet pense que la population devrait d’abord être consultée.

D’autres sont pessimistes comme Gabriel da Costa, vice-président de l’assemblée provinciale : Construire un pays est plus facile à dire qu’à faire. Si l’alternative de l’indépendance se précise, il y aura une guerre civile comme en 1975 quand le Portugal a quitté le territoireCes prédictions pessimistes semblent déjà connaître un début de réalisation. Dès le 30 janvier, on annonçait que plus de cinq mille personnes s’étaient réfugiées dans des églises, au sud du terrioire, pour échapper aux milices pro-indonésiennes. Par ailleurs, les hôpitaux de Dili ont été fermés, le personnel hospitalier disant craindre pour leur vie, après que deux médecins aient été sévèrement battus.