Eglises d'Asie

Aceh : 21 civils revenant d’une manifestation séparatiste sont tués par des militaires

Publié le 18/03/2010




Selon des informations recueillies par des agences de presse, dans la journée du 6 février, des milliers de paysans habitant dans le voisinage d’Idi Cut, ville de la province troublée d’Aceh, continuaient encore leurs fouilles dans le lit de la rivière d’Arakundo, dans les buissons et les champs environnants, à la recherche des corps de leurs proches et voisins, tués lors d’un heurt violent ayant opposé les militaires et des habitants de la province. Peu de nouvelles ont filtré sur la nature de cet incident qui avait eu lieu la veille, le 5 février. Mais il semble que les morts recherchés ont été victimes d’une fusillade qui a eu lieu à proximité d’un poste militaire de la ville d’Idi Cut. Des soldats auraient tenté de disperser des milliers de personnes qui revenaient d’un rassemblement organisé dans la ville, où elles avaient écouté des orateurs séparatistes du mouvement « Aceh libre ».

Le 6 février, il était encore difficile de préciser le nombre de corps de victimes retrouvés par les diverses équipes de chercheurs. Une station de télévision privée a annoncé, le soir du 5 février, que neuf cadavres avaient été découverts, alors qu’au même moment, les autorités militaires ne faisaient mention que de sept victimes. Le lendemain, samedi, le nombre estimé des victimes avait beaucoup progressé. Un militant d’un groupe de défense des droits de l’homme du district voisin faisait état de 21 cadavres retrouvés : huit avaient été retirés du lit de la rivière d’Arakundo, les autres étaient morts à l’hôpital où dans les maisons privées. D’après l’informateur, tous les cadavres portaient des marques de balles. De plus, ceux qui avaient été trouvés dans le lit de la rivière étaient lestés d’un sac rempli de pierres attaché autour de la taille et avaient donc été portés à la rivière après leur mort.

Le samedi, 6 février, une mission d’enquête de la police militaire locale avait été chargée de déterminer si les soldats avaient tiré les premiers ou si les manifestants les avaient provoqués.

L’incident du 5 février n’est que le dernier d’une longue série dans cette province d’Aceh, bastion d’un islam conservateur qui inspire un mouvement séparatiste en lutte pour un Etat musulman et indépendant depuis le milieu des années 1970. Parmi les faits les plus récents, il faut signaler les lourdes condamnations infligées en janvier dernier à des officiers et des soldats indonésiens pour avoir torturé des prisonniers civils détenus par eux, dont cinq étaient morts. En décembre, à la suite de l’enlèvement de deux militaires et d’un dirigeant local, des civils ont été emprisonnés. Le même mois, sept militaires ont trouvé la mort à Aceh, sans doute tués par des rebelles séparatistes.