Eglises d'Asie

Après les émeutes d’Amboine, les responsables des Eglises critiquent les articles partisans parus dans la presse

Publié le 18/03/2010




Les responsables des églises catholiques et protestantes de la province indonésienne des Moluques critiquent les médias locaux pour leurs allégations tendancieuses tendant à rejeter sur les chrétiens la responsabilité des récentes émeutes confessionnelles (5).

Dans un communiqué de presse daté du 27 janvier, les responsables ecclésiastiques disent regretter que les médias, en général, aient tenté de discréditer les chrétiens des Moluques par des rapports incomplets et une tendance à déformer les faits sur ce qui s’est passé à Amboine (île de Ceram) la capitale de la province des Moluques. Le communiqué est signé de Mgr Petrus Canisius Mandagi, évêque d’Amboine et des pasteurs Siahaya, secrétaire général du synode de l’Eglise protestante des Moluques, S. P. Titaley, président de la Communion des Eglises de la région indonésienne des Moluques et de Jurjen Soenpiet, président de l’Eglise évangélique d’Halmahera.

Les médias ont omis de rapporter que, durant les émeutes, les musulmans dans les villages chrétiens étaient protégés par les chrétiens eux-mêmes alors que dans les villages musulmans, les chrétiens, y compris les pasteurs étaient attaqués, c’est ce qu’affirment les responsables des Eglises des Moluques. Ils ajoutent se sentir spécialement concernés par la déclaration d’un responsable musulman devant les caméras d’une télévision de Jakarta deux jours après les émeutes affirmant que le parti interdit, Republik Maluku Selatan (RMS), un mouvement séparatiste, se cachait derrière les émeutiers d’Amboine. Les responsables des Eglises disent qu’une telle allégation, sans aucun fondement, n’a été publiée que pour placer les Eglises locales en porte-à-faux face à l’armée qui ne tolère aucun mouvement séparatiste.

Après l’indépendance de l’Indonésie en 1945, le RMS avait été fondé par le Dr Soumakil dans le but de faire du sud des Moluques à majorité chrétienne, un Etat indépendant. Le mouvement fut interdit par l’armée en 1950. La plupart de ses responsables et partisans vivent maintenant aux Pays-Bas. Les responsables des Eglises des Moluques affirment que le RMS ne peut être assimilé au christianisme et que les chrétiens n’ont pas l’intention de le faire revivre. Ils critiquent en même temps les officiers de sécurité qui n’ont pas adopté une position de neutralité durant les incidents récents et sont enclins à voir dans les chrétiens, les boutefeux du conflit entre chrétiens et musulmans. Ils demandent également que les autorités et l’armée évitent toute répression et discrimination dans la restauration de la loi et de l’ordre. Ils veulent que les chrétiens, dans toute la province des Moluques, soutiennent l’accord de paix signé par les musulmans, les chrétiens et le gouvernement, le 23 janvier, ainsi que les autres accords signés ici et là par d’autres groupes.

Le conflit entre chrétiens et musulmans, déclenché par une rixe entre deux chrétiens et un musulman, avait commencé le 19 janvier. D’après la presse, il aurait fait une centaine de morts.