Eglises d'Asie

Le fléau de la drogue touche aussi les milieux catholiques

Publié le 18/03/2010




Grâce au décret n° 139 publié au mois de juin 1998 par le premier ministre, au mouvement de prévention de la drogue qui s’en est suivi, fortement encouragé par les autorités, la presse et l’opinion publique vietnamiennes ont pris progressivement conscience des menaces que font peser sur les jeunes générations la rapide extension actuelle du trafic et de la consommation de drogue dans le pays (10). Les chiffres publiés par les journaux locaux aussi bien que par les instances internationales à la fin de l’année 1998 ont fait mesurer l’étendue du mal. Les statistiques officielles, en-dessous de la réalité, selon beaucoup d’observateurs, font état de plus de 200 000 intoxiqués dans le pays, plus de 20 000 pour la seule ville de Hô Chi Minh-Ville où, pour un peu d’argent, il est très facile de se procurer toute forme de drogues. Le 17 janvier, à Hô Chi Minh-Ville, une manifestation importante a réuni devant l’ancienne Assemblée nationale, toutes les autorités du Parti et de l’administration de la ville ainsi qu’une foule d’au moins 10 000 personnes. Dans un discours prononcé à cette occasion, Lê Thê Tiêm membre du bureau politique a, lui même, fait un tableau dramatique de la situation de la drogue dans le pays.

La drogue s’étant infiltrée dans tous les domaines de la société vietnamienne, y compris, depuis les écoles jusqu’aux prisons, il aurait été étonnant que les milieux catholiques en soient épargnés. Ce soupçon a été récemment confirmé par une religieuse travaillant au centre de désintoxication de Binh Triêu, à Hô Chi minh-ville, qui a révélé que pourcentage de catholiques parmi les pensionnaires soignés à ce centre était loin d’être négligeable. Une enquête téléphonique menée récemment par un hebdomadaire de Saigon (11) auprès des responsables de 20 paroisses de Hô Chi Minh-Ville a fait apparaître que les milieux catholiques sont concernés à un double titre par l’extension de la consommation et du trafic de drogues. D’abord par la présence d’intoxiqués à l’intérieur de la population des fidèles, mais surtout par la participation active de la paroisse à la lutte contre ce fléau.

De la somme de renseignements recueillis par l’hebdomadaire auprès de divers curés de paroisse de la ville et de la banlieue de Hô Chi Minh-Ville et, sans doute aussi des services de police, il ressort que de nombreux cas d’intoxication par diverses formes de drogue sont connus de la police dans diverses paroisses. Ainsi, la police aurait en mains une liste de 130 drogués pour le 5ème quartier de l’arrondissement de Tân Binh peuplé à 70 % de catholiques. Dans le 13ème quartier de Go Vâp, dont 85 % des habitants sont catholiques, 63 intoxiqués seraient suivis par les agents de la sûreté. Beaucoup de prêtres interrogés ont eu connaissance de trafic de drogue parmi leurs fidèles.

Certains prêtres ont avoué leur impuissance à éradiquer le mal. Cependant beaucoup ont affirmé participer de multiples façons au mouvement engagé aujourd’hui au Vietnam pour s’opposer à la montée de la drogue. Les méthodes employées sont très diverses. Un prêtre de la région de Hôc Môn a révélé que, dès qu’il a appris l’existence du trafic de drogue sur le territoire de sa paroisse, il a tout de suite fait une enquête et dressé une carte des “points noirs”. Il a entrepris ensuite, auprès des intéressés, catholiques ou non-catholiques, un travail de guérison, par des visites répétées et une assistance individuelles. Un curé de Go Vâp utilise une méthode analogue auprès des jeunes drogués, qu’il essaie de contacter personnellement, d’attirer à lui et ensuite d’engager dans la voie de la désintoxication, en les envoyant dans des centres ou bien en leur procurant une formation professionnelle. D’autres prêtres essaient d’atteindre les jeunes victimes du fléau de la drogue par l’intermédiaire des parents, qu’il réunissent quelquefois dans un repas au cours duquel ils ont l’occasion de causer avec leurs enfants drogués souvent séparés d’eux. La paroisse rédemptoriste de Notre Dame du Perpétuel Secours, dans le troisième arrondissement, a établi un programme de lutte contre la drogue. Les membres du Conseil paroissial vont visiter les intoxiqués à l’intérieur de leurs familles pour y étudier la véritable situation de ceux-ci. Par la suite, ils procurent une aide financière aux jeunes drogués pour qu’ils puissent s’inscrire dans un centre de désintoxication et à leurs parents qui souvent se trouvent alors dépourvus de revenus.