Eglises d'Asie

Dans les îles Moluques, les heurts entre chrétiens et musulmans se multiplient, aggravés par une répression policière très sévère

Publié le 18/03/2010




Au 24 février 1999, à Amboine et dans quelques-unes des îles Moluques, les heurts entre chrétiens et musulmans, qui ont commencé à la mi-janvier, étaient déjà responsables d’au moins 137 morts, de très nombreux blessés et d’importants dommages matériels (7). Loin de se dissiper, le climat de violence s’est encore exacerbé au mois de février, aggravé par des interventions policières ou militaires qui, sous prétexte de dissiper les manifestations, font un nombre considérables de victimes.

Le 24 février, dans la capitale provinciale d’Amboine, quatre personnes sont mortes et des dizaines blessées au cours de heurts opposant chrétiens et musulmans. Deux d’entre elles sont décédées de leurs blessures à l’hôpital protestant d’Amboine alors que les deux autres ont été tuées par balles lors de l’affrontement. Au total, une trentaine de blessés ont été amenés pour soins à l’hôpital. Selon un journaliste local, les premiers heurts auraient eu lieu dans le voisinage de la ville de Batu Merah, à l’est d’Amboine, où des musulmans ont attaqué des chrétiens avec des cocktails Molotov et incendié des habitations. Les forces de sécurité ont tiré sur les résidents sortis dans les rues avec des armes de fortune. La veille, déjà, il y avait eu cinq morts à Batu Merah, dont un brûlé vif dans sa maison incendiée. Là aussi la police a ouvert le feu sur deux groupes de chrétiens et de musulmans qui s’affrontaient, armés de lances et de couteaux. L’incendie d’une maison de chrétiens par des bombes à pétrole lancées par des musulmans a été l’origine des troubles.

Le 14 février, sur l’île de Haruku, au centre des Moluques et à l’est d’Amboine, cinq chrétiens étaient déjà morts sous les balles des militaires. Selon un communiqué d’un organisme de la “Communion des Eglises protestantes d’Indonésie”, ils ont été tués alors qu’ils passaient par le village de Waimatil, fuyant leur propre village, Kairu, attaqué par les habitants d’un village voisin. Les militaires embusqués à Waimatil les ont coincés et abattus sur les lieux. Le communiqué note que rien ne signalait que le village soit un lieu interdit d’accès. Quatre des chrétiens sont morts sur place, un autre à son arrivée à l’hôpital. Il y a de plus cinq autres blessés graves. Selon des témoins oculaires, à Kairu, au moins vingt maisons ont été incendiées et plusieurs habitants massacrés par les habitants du village voisin venus investir les lieux et molester la population. Beaucoup d’habitants ont fui et sont allés chercher refuge ailleurs; d’autres, surtout des hommes, se sont enfermés dans l’église. Durant cette journée, toutes les communications entre Kairu et le reste du monde ont été coupées.