Eglises d'Asie

De jeunes catholiques japonais et coréens se rencontrent pour un dialogue de paix et de réconciliation

Publié le 18/03/2010




Au cours de quatre rencontres successives, de jeunes catholiques coréens et japonais ont renforcé leur amitié et ont parlé ensemble des souffrances partagées entre leurs deux pays. “Parce que nous avions été très loin dans notre recherche rigoureuse de la vérité historique, j’ai eu peur que notre amitié ait à en souffrir. Mais j’ai changé d’avis quand j’ai vu que mes amis japonais avaient les larmes aux yeux, bouleversés d’apprendre la vérité de faits réelsa confié à des journalistes Kim Eun-sum, un étudiant coréen de 22 ans, un des 25 délégués coréens accompagnés de deux prêtres venus rejoindre 50 jeunes Japonais et 6 prêtres à la rencontre intitulée “Instruments de paixqui s’est déroulée du 14 au 17 février à Hadano, à quelque 60 km au sud-ouest de Tôkyô. Cheung Kyon-ah, une Coréenne de 22 ans, venue pour la troisième fois à ces échanges entre jeunes, a déclaré qu’il lui avait été difficile d’accepter la gentillesse de la famille japonaise qui l’avait reçue. Mais cette “amitié vraie” lui a appris beaucoup de chose sur les Japonais.

Sato Hikaru, un étudiant japonais de 25 ans, pour sa part, a avoué : Beaucoup de Japonais autour de moi sont remplis de préjugés, dont ma grandmère. Il est dur, quelquefois, d’agir selon sa conscience. Quand je travaillerai, après l’université, j’essaierai de redire à mes collègues tout ce que j’ai appris iciajoute Sato qui précise que l’histoire avait été, pendant cette session, leur grand souci.

Sous l’influence de l’impérialisme militaire, le Japon a annexé la Corée en 1910 et la domina jusqu’en 1945, date où la défaite de la deuxième guerre mondiale lui fit perdre tous les territoires gagnés en Asie de l’est et du sud-est. Durant la période coloniale, le Japon avait largement violé les droits du peuple coréen. Il avait supprimé la liberté religieuse, interdit l’enseignement du coréen à l’école et mobilisé massivement les travailleurs et les ressources du pays au profit de sa guerre, recruté des femmes esclaves pour le plus grand confort des soldats. D’après le témoignage de beaucoup de Japonais, l’éducation nationale du Japon d’après la guerre n’a pas voulu enseigner aux enfants et aux jeunes l’histoire moderne du pays. Des politiciens d’extrême droite essaient encore quelquefois aujourd’hui de nier les crimes de guerre commis par le Japon, comme le massacre de Nankinen Chine dénoncé par toutes les autres nations d’Asie.

L’Eglise au Japon espère que ces rencontres contribueront à développer parmi les jeunes des deux nations des vrais sentiments capables de les conduire vers une amitié et une vraie réconciliationa déclaré le P. Sawano Koji, ancien secrétaire du Comité épiscopal de la jeunesse dans son allocution de bienvenue le 11 février.

Les délégués venus de Corée avaient passé trois jours dans une famille japonaise avant le début de la rencontre. Certains étaient déjà des amis et ils ont été heureux de se retrouver tous ensemble à Tôkyô. Le programme de la session avait été préparé par les jeunes Japonais et comprenait des moments de prière, des chants folkloriques, des lectures et des partages afin de découvrir comment être des instruments de paixLe premier échange avait eu lieu à Lourdes en France, juste avant la Journée mondiale des jeunes à Paris en 1997. Les jeunes s’étaient rencontrés ensuite à Yokohama en février 1998, puis à Séoul en août. Les dates de la prochaine rencontre qui devrait se tenir en Corée du Sud ne sont pas encore fixées.