Eglises d'Asie

Le nouveau chef spirituel de la communauté sikh n’est pas accepté par tous

Publié le 18/03/2010




La communauté sikh mondiale s’est donné un nouveau chef spirituel en la personne de Purah Singh, âgé de 51 ans. Il a été intronisé le 15 février dernier au cours d’une cérémonie solennelle et haute en couleurs au très célèbre temple d’or d’Amritsar. Il a été revêtu de la robe de cérémonie qui l’identifie comme le détenteur de Taxt (Trône éternel), siège du pouvoir spirituel et temporel. Une foule de 25 000 sikhs, parés de turbans de toutes les couleurs, a lancé à très haute voix des acclamations religieuses tout au long des trois heures de cérémonies très soigneusement surveillées par des agents de police, en uniforme ou en civil, présents aussi bien à l’intérieur du temple que tout autour.

La cérémonie a eu une fin dramatique, le nouveau dirigeant des sikhs ayant dû être emmené précipitamment à l’hôpital, souffrant, selon certaines sources, d’une défaillance cardiaque. Cependant, à l’issue des cérémonies, avant de quitter le temple, il a pu prononcer un petit discours où il a assuré les fidèles qu’il ferait son possible pour que la communauté sikh garde son unité.

La nomination de Puran Singh a eu lieu après que l’ancien dirigeant Ranjit Singh eut été mis à l’écart, le 10 février, par le très puissant parlement religieux sikh qui contrôle tous les temples de l’Inde, le Comité suprême de gestion des lieux de culte sikhs. Celui-ci prenait ainsi parti dans une dispute opposant une faction de modérés conduite par Prakash Singh Badal, ministre-président de l’Etat du Punjab à majorité sikh, à des partisans de la ligne dure des nationalistes, menés par Gurcharan Singh Tohra. L’ancien dirigeant évincé, Ranjit Singh, qui est membre de cette dernière faction, a refusé d’accepter sa démission et de se démettre de ses fonctions de chef spirituel. Il était absent des cérémonies d’investiture, qui ont été boycottées aussi par beaucoup de ses partisans. Eux et leur dirigeant n’ont pas renoncé à reconquérir Taxt.

La faction modérée de Badal reproche à l’ancien chef spirituel son absence de moralité et, en particulier, le meurtre d’un chef de la secte, en 1980. Un partisan de Badal ne mâche pas ses mots à son sujet: “C’est un criminel. La plus grande bévue de la communauté sikh est d’avoir nommé un criminel comme lui à ce haut poste spirituel

Ces querelles internes de la communauté sikh se produisent au moment où celle-ci se prépare à fêter le 300ème anniversaire de la création officielle de la religion sikh par le guru Gobind. Elles font craindre un regain de violence dans l’Etat du Punjab qui est devenu le grenier à blé de l’Inde grâce aux adeptes de cette religion sans castes, légèrement plus nombreux que les hindous. Plus de 25 000 personnes sont mortes au cours des dix ans de lutte du mouvement sikh pour un Etat théocratique et indépendant, mouvement écrasé en 1993 par les forces de sécurité. En juin 1984, les troupes indiennes avaient investi le temple d’or pour en débusquer des militants sikhs armés, faisant 600 victimes, la plupart innocentes. Mme Indira Gandhi qui avait ordonné l’attaque fut tuée en représailles par deux de ses gardes sikhs.

Les sikhs, qui sont 19 millions dans toute l’Inde, sont reconnaissables aux cinq symboles de leur religion arborés par eux : des cheveux non-taillés, symbole de sainteté, un peigne, symbole de propreté, une culotte courte, symbole de vivacité, un bracelet de métal, symbole de détermination, et une épée pour la défense des faibles.