Eglises d'Asie

Mindanao : malgré les dangers encourus, les prêtres de l’Institut pontifical des Missions étrangères resteront au sud des Philippines

Publié le 18/03/2010




Après avoir procédé à un large examen des risques encourus dans les diverses régions des Philippines du sud, où ils mènent leur apostolat, les prêtres de l’Institut pontifical des Missions étrangères ont décidé, lors d’une réunion qu’ils ont tenue, à Paranaque, du 8 au 13 février 1999, de continuer leur travail missionnaire sur place, quels que soient les dangers présents. Les nombreux avis émis par les participants de l’assemblée sur divers aspects de la situation politique actuelle ont été autant d’éléments permettant de porter un jugement circonstancié et de prendre une décision éclairée. Les prêtres présents à Paranaque ont aussi procédé à une estimation générale de leur apostolat et de leurs projets en cours de développement. Ils ont en particulier mis au point le projet de création d’un institut de théologie qu’ils comptent ouvrir en juin à Tagaytay, au sud de Manille.

L’intervention du P. Luciano Benedetti, enlevé et détenu par ses ravisseurs du 8 septembre au 16 novembre dans le sud des Philippines (10), a aidé l’assemblée à évaluer et situer les risques inhérents à la situation actuelle. L’ancien otage a, en particulier, déclaré que de dangereux éléments criminelsont désormais rendue risquée la présence des missionnaires autour de la ville de Zamboanga et dans la province de Zamboanga septentrional, lieu où travaillent une certain nombre de prêtres de l’institut. Le Zamboanga méridional et le Cotabato du nord, selon les témoignages apportés pendant l’assemblée, offriraient davantage de sécurité, bien que des enlèvements y soient toujours possibles. Il a été aussi discuté des motivations relatives aux divers kidnappings qui, jusqu’à présent, ont surtout visé les hommes d’affaires et les prêtres. Bien que l’on ne puisse l’affirmer en toute certitude et que les raisons politiques ont pesé d’une façon non négligeable, l’opinion la plus commune est que l’espoir d’une rançon a été le motif principal des enlèvements ou tentatives d’enlèvements ayant déjà eu lieu sur l’île de Mindanao.

Les prêtres de l’Institut pontifical des Missions étrangères ont aussi mis en commun leurs observations sur l’évolution de l’islam et des divers mouvements qui se réclament de lui dans la région. On a noté que beaucoup de groupes islamiques aujourd’hui s’orientent vers le fondamentalisme et y sont poussés par des missionnaires musulmans étrangers. Une des raisons principales de cette tendance est sans doute la déception éprouvée par la population musulmane devant le peu de résultats obtenus par le président du Front moro de libération nationale, Nur Misuari, anciennement rebelle, après les accords de paix qu’il a passés en 1996 avec le gouvernement. Faute de recevoir les fonds promis, le Conseil des Philippines du sud pour la paix et le développement, placé sous sa direction, n’a rempli aucun des objectifs qui lui étaient assignés. Du fait, l’influence du Front moro de libération islamique, s’en est trouvée élargie. Cette branche dissidente du Front de Nur Misuari, n’a pas voulu se rallier au gouvernement en 1996 et continue à négocier des accord séparés tout en poursuivant, quelquefois farouchement, la guérilla.

L’assemblée a aussi pris acte des résultats satisfaisants obtenus par le centre asiatique “Euntes” ouvert en 1992 dans la ville de Zamboanga pour former les prêtres, religieux et laïcs d’Asie à l’esprit missionnaire. Jusqu’à présent, 166 stagiaires ont suivi ses sessions de formation. La création d’un institut international de théologie à Tagaytay est prévue pour le mois de juin. Trois étudiants birmans et cinq italiens seront ses premiers étudiants.

Les prêtres de l’Institut pontifical des Missions étrangères qui sont en Asie depuis 150 ans, se sont mis au service des Philippines depuis trente ans. Dans l’archidiocèse de Zamboanga, la prélature d’Ipil, les diocèses de Dipolog, Kidapawan et Pagadian, ils travaillent dans des paroisses, avec des communautés de base. Ils sont aussi engagés auprès de minorités ethniques philippines, auprès des étudiants, dans des coopératives rurales ainsi que dans les rencontres et le dialogue interreligieux.