Eglises d'Asie – Indonésie
Dans les interminables troubles d’Amboine, les catholiques jouent le rôle de médiateurs
Publié le 18/03/2010
Aux alentours du 4 mars, on a pu penser un moment que la situation à Amboine était en train de revenir à la normale lorsque, sur ordre du haut commandement, 3 000 militaires eurent été déployés dans la ville. Pour la première fois, depuis neuf jours, des véhicules de transport en commun circulaient dans les rues, et celles-ci étaient à nouvau parcourues par des habitants à la recherche d’alimentation.
Malheureusement, cette accalmie n’a pas duré. Dès le 5 mars, les heurts entre colons musulmans et autochtones chrétiens ont repris, avec leur cortège de morts et de blessés. Selon les agences de presse, le 5 mars, une église d’Amboine a été brûlée, déclenchant de nouveaux troubles. La nuit suivante, à deux heures du matin, les occupants de deux voitures, soupçonnés d’être des membres des services de sécurité, ont ouvert le feu sur un groupe de chrétiens qui gardaient une église faisant un mort et 16 blessés. Depuis, les violences se succèdent. Le lundi 8 mars, dans la ville de Paso sur la côte orientale de l’île d’Amboine, des chrétiens ont attaqué et brûlé une camionnette transportant 28 passagers. Après les faits, on comptait deux morts et quatre blessés. Le même jour, à Air Salobar, une banlieue ouest de la ville d’Ambon, de nouveaux heurts entre membres des deux communautés ont provoqué la mort de deux personnes et en ont blessé sept autres.
Plus de 180 personnes ont trouvé la mort depuis le début de la vague de violences qui déferle sur l’île depuis la fin janvier. Elle est la cause d’un exode de grande ampleur chez les colons musulmans qui reviennent vers leurs îles d’origine. Le 5 mars, on estimait à 5 000 le nombre des personnes ayant déjà quitté la région.
Dans le reste du pays en particulier à Jakarta, les musulmans suivent les événement d’Amboine avec une attention soutenue. Le 3 mars, 2 000 musulmans manifestaient dans les rues de Jakarta. Certains scandaient le slogan “Jihad” (Guerre sainte), et accusaient les chrétiens de se livrer à un nettoyage ethnique. Le 7 mars, les manifestations ont repris dans la capitale indonésienne. Environ 10 000 musulmans ont défilé au cri de “Il n’y a de Dieu qu’Allah ! ” Les manifestants ont mis en cause le manque de détermination du gouvernement et de l’armée dans les opérations de rétablissement de l’ordre à Amboine.