Eglises d'Asie

La décision du Vatican de hâter la canonisation de Mère Teresa cause beaucoup d’émotion à Calcutta

Publié le 18/03/2010




La population de Calcutta a accueilli avec joie la décision pontificale du 1er mars dernier, abrogeant pour Mère Teresa la période de cinq ans d’attente après la mort, exigée d’habitude avant l’ouverture d’un procès de canonisation. Mgr Henry D’Souza, archevêque de Calcutta, qui en a été informé par une lettre personnelle du Vatican, s’est exclamé en annonçant la nouvelle : “Naturellement, j’en suis très heureux” . Il a affirmé qu’il allait hâter le recueil des documents ayant trait à la vie de Mère Teresa afin de les faire parvenir rapidement au Vatican. D’autres habitants de Calcutta ont manifesté la même émotion. Un médecin hindou a déclaré que Mère Teresa mérite d’être sainte. “De toute évidence, elle était appelée par Dieu à servir les pauvres”. Par contre, certains autres ne voient pas l’utilité de cette prochaine canonisation, comme ce journaliste hindou qui considère que Mère Teresa a déjà atteint la sainteté et remarque : “Alors je ne suis pas tellement concerné par les formalités qui la proclameront sainte”.

L’archevêque de Calcutta a été immédiatement interrogé pour savoir pourquoi le pape avait pris une telle décision. Il a répondu que, le 5 septembre dernier, premier anniversaire de sa mort, le Vatican avait reçu de nombreux appels pour que Mère Teresa soit déclarée sainte en l’an 2000. Selon lui, le Saint Père n’aurait pas donné cette dispense s’il n’avait pas reçu des missives du monde entier. L’archevêque croit à une canonisation rapide : Le pape a tout pouvoiret il peut déclarer sainte Mère Teresa dès l’an 2000a-t-il fait remarquer. Après avoir affirmé que d’authentiques miracles obtenus grâce aux prières adressées à Mère Teresa accélérerait le procès de canonisation, il en a mentionné deux dont le récit était parvenu à sa connaissance. L’un a eu lieu en Terre sainte où une petite fille arabe a été guérie d’un cancer et mystérieusement avertie de sa guérison, la nuit, par Mère Teresa. L’autre est survenu aux Etats Unis : une femme atteinte d’une tumeur au pied, que les médecins pensaient devoir amputer, a vu son mal disparaître après avoir prié Mère Teresa. L’archevêque n’est d’ailleurs pas le seul à faire état des miracles de la fondatrice des soeurs missionnaires de la charité, puisque, déjà, un hebdomadaire diocésain de Mangalore “Rakno” (Gardien) a inséré plusieurs encarts de remerciements à Mère Teresa pour grâces reçues.

L’archevêque de Calcutta, dès le lendemain de la réception de la lettre annonçant la décision du Pape, a désigné un prêtre chargé de réunir toutes les pièces nécessaires et de proposer au Pape la canonisation de Mère Teresa. Il s’agirait du P. Brian Kolodiejchuck, supérieur d’une maison de missionnaires de la charité à Rome. Il a été choisi pour avoir étroitement travaillé auprès de Mère Teresa de nombreuses années. Le Père Brian Kolodjiechuk doit se rendre dès la mi-mars à Calcutta et commencer les démarches.

Dans l’enthousiasme général, certains cependant font entendre la voix de la raison. Un religieux salésien, expert en droit canon, Joesph Ayamanathil, 52 ans, rappelle qu’une canonisation prend du temps. Le Pape a le pouvoir de canoniser Mère Teresa, mais c’est, quand même, toute une procédure explique-t-il. L’archidiocèse de Calcutta doit mettre sur pied un tribunal et rassembler des preuves et des témoignages individuels prouvant la vie vertueuse de Mère Teresa. Cela prend du temps et tout doit être envoyé à Rome. En conséquence, les chances que le Pape puisse se prononcer sur la sainteté de Mère Teresa en l’an 2000 sont réduites