Eglises d'Asie

L’accord pour une consultation directe de la population du Timor oriental est accueilli avec une grande prudence par les principaux intéressés

Publié le 18/03/2010




Les dirigeants du mouvement indépendantiste, les personnalités les plus écoutées du Timor oriental et les nations intéressées ont réservé un accueil prudent, quelquefois mitigé, à l’accord intervenu entre le Portugal et l’Indonésie pour l’organisation d’une consultation directe de la population, sous l’égide de l’ONU, sur un projet d’autonomie de l’ancienne colonie portugaise.

L’accord avait été annoncé, le 11 mars, à New York, par le secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, à l’issue de deux jours de pourparlers entre lui et les ministres portugais et indonésiens des Affaires étrangères, Jaime Gama et Ali Alatas. « La réunion est parvenue à un accord sur le fait qu’une modalité de vote direct sera utilisée pour demander à la population si elle accepte ou non une proposition d’autonomiea déclaré le secrétaire des Nations Unies. Le projet de consultation accepté par les deux parties porte sur l’autonomie du territoire du Timor oriental, dans la ligne de la déclaration du président indonésien au mois de janvier, annonçant que si la population du Timor oriental refusait l’autonomie, l’indépendance lui serait accordée. Par ailleurs, l’accord reprend l’idée du « referendum » réclamé par les dirigeants du mouvement d’indépendance et par le Portugal depuis longtemps, en évitant soigneusement d’employer le terme de référendum, toujours refusé par les autorités indonésiennes. La consultation des quelque 800 000 habitants du Timor oriental, en majorité catholiques, est désormais acquise, même si les modalités précises du vote proposé restent encore à déterminer. Jakarta devrait présenter dès la fin du mois d’avril, le projet d’autonomie révisé sur lequel les électeurs devront se prononcer et il est possible que la consultation soit organisée au mois d’août, après les élections indonésiennes de juin.

Le dirigeant indépendantiste, Xanana Gusmao, qui, la veille, venait de prendre un engagement de cessez-le-feu avec le chef des miliciens pro-indonésiens Joao Tavares, a publié, le 12 mars, de sa maison-prison de Jakarta, un communiqué relativement favorable à l’accord de New-York. Il a déclaré qu’un vote direct de la population est-timoraise sur la proposition d’autonomie est conforme aux principes de la démocratie et de l’expression de l’opinion. Par contre, le prix Nobel de la paix 1996, José Ramos-Horta, s’est montré beaucoup plus dubitatif quant aux promesses d’une consultation populaire. « Les Indonésiens ne nous ont donné aucune raison de leur faire confiancea-t-il déclaré. Il a ajouté : « Je les juge sur leurs actions et pas sur leurs promesses ; leurs actions sont beaucoup plus significativesC’est aussi l’attitude du Portugal, dont le président et le premier-ministre se sont réjouis de l’accord, tout en préconisant une très grande prudence.

La réaction le plus critique aura été celle de Mgr Ximenes Belo qui, le 13 mars, a déclaré à une radio de Lisbonne que les milieux proches du gouvernement et de l’armée indonésienne vont faire pression sur les habitants du Timor oriental pour qu’ils acceptent le statut d’autonomie proposé par l’Indonésie. L’évêque de Dili a estimé que seule la présence d’une mission des Nations-Unies pourra faire avancer le processus de paix. Il préconise aussi le désarmement des milices et le départ des militaires, qu’il accuse de créer un climat de peur au sein de la population.