Eglises d'Asie

L’épiscopat japonais publie un livre sur la responsabilité de l’Eglise catholique pendant la guerre

Publié le 18/03/2010




Le bureau d’études de la Conférence épiscopale du Japon a publié un livre sur la responsabilité de l’Eglise catholique dans les agressions commises par les militaires japonais durant l’époque moderne. La date choisie pour cette publication, le 1er mars, coïncide avec l’anniversaire du début du mouvement pour l’indépendance du peuple coréen contre l’occupation japonaise (1910-1945). Le livre met à la disposition d’un large public des informations primitivement recueillies pour les évêques sur cet aspect de l’histoire de l’Eglise du Japon. Le livre, présenté par le cardinal Peter Seiichi Shiranayagi, archevêque de Tôkyô, qui souligne qu’il n’a pas été écrit par des historiens professionnels, traite du contexte historique de la modernisation et de la militarisation ayant suivi l’époque de Meji (1868-1912), au cours duquel l’Eglise se laissa entraîner jusqu’à collaborer à l’effort de guerre. Cette publication entre dans le cadre des préparatifs du Jubilé de l’an 2000, durant lesquels les catholiques sont invités par Jean-Paul II à se repentir de leurs manquements en tant qu’Eglise.

Ce n’est pas la première fois que les évêques japonais abordent avec franchise cette période de l’histoire de leur Eglise. S’adressant à la quatrième assemblée plénière de la Fédération des conférences des évêques d’Asie en 1986 à Tôkyô, l’archevêque de Tôkyö avait déjà demandé pardon pour cette collaboration de l’Eglise à l’effort de guerre du Japon pendant la deuxième guerre mondiale. Comme japonais et comme membres de l’Eglise qui est Japon, nous, les évêques japonais, demandons le pardon de Dieu et celui de nos frères d’Asie et du Pacifique pour la tragédie subie par eux à cause de notre nationavait-il dit, rappelant que son pays était responsable de plus de 20 millions de morts. Il est très douloureux pour nous de savoir que les blessures que nous avons infligées sont encore visibles dans la vie et dans la culture de vos peuplesavait-il ajouté. En 1995, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fin de la deuxième guerre mondiale, dans leur message Résolution pour la paixles évêques du Japon avaient collectivement reconnu l’incapacité de l’Eglise à aborder le sujet de la guerre à la lumière de l’Evangile. Nous devons admettre que l’Eglise catholique du Japon n’a ni eu conscience ni proclamé courageusement combien cette guerre était inhumaine et en contradiction avec l’EvangileL’Eglise a failli dans son rôle prophétique de témoin de la volonté de Dieu à protéger la vieavaient-ils écrit. Tout récemment, en 1998, Mgr Stephen Fumio Hamao, évêque de Yokohama et président de la conférence épiscopale a tiré les leçons de la deuxième guerre mondiale. Parmi les atrocités commises par les japonais, il citait le massacre de civils non armés, les travaux forcés et les femmes esclaves“, condamnées à subvenir aux besoins sexuels des troupes japonaises.

Les matériaux de ce livre ont été rassemblés par la Société pour l’étude du milieu culturel du Japon et l’évangélisation“, groupe patronné par le Bureau d’études pour l’évangélisation.