Eglises d'Asie

Les autorités vietnamiennes ne repoussent pas l’éventualité d’une visite du pape dans leur pays

Publié le 18/03/2010




Le motif immédiat des annonces faites à quelques heures d’intervalle, le 4 mars 1999, d’abord par Hanoi au cours d’une conférence de presse des Affaires étrangères, puis par le Saint-Siège, très certainement à la suite d’une entente préalable, était d’informer de l’arrivée au Vietnam, le lundi 15 mars 1999, d’une délégation du Saint-Siège et des négociations qu’elle devait mener avec le gouvernement, négociations qui seront terminées le 19 mars, date du retour à Rome des représentants du Saint-Siège. Les deux déclarations coïncidaient exactement sur cet événement et s’en réjouissaient. Cependant il n’en était pas exactement de même des autres points abordés par les communiqués des deux parties, en particulier, la question de la visite du pape au Vietnam et celle de l’établissement possible de relations diplomatiques entre le Vietnam et le Vatican, autant de sujets qui étaient envisagés avec des nuances sensibles par l’un et l’autre.

Le lendemain de la conférence de presse du porte-parole des Affaires étrangères du Vietnam, Mme Phan Thuy Thanh, conférence dont des extraits ont été largement diffusés par les médias internationaux, l’Agence vietnamienne d’information a éprouvé le besoin de publier une dépêche intitulée Mise au point du ministère des Affaires étrangèresreprise ensuite dans la presse intérieure. Pour ce qui concerne la possibilité d’une visite du pape au Vietnam, son contenu est nettement en deça des perspectives ouvertes par les dépêches diffusées la veille, immédiatement après la Conférence de presse.

Les agences de presse affirmaient que les négociations pourraient ouvrir la voie à une éventuelle visite du pape Jean Paul IILa mise au point des Affaires étrangères ne refuse pas cette éventualité, puisqu’elle aussi affirme que la possibilité d’une visite du Papeserait abordée pendant les négociations. Cependant elle se montre plus précise sur ce sujet. En particulier, après avoir fait remarquer que le pape est un personnage importantet que l’inviter n’est pas une chose simpleelle fait mention d’un fait inconnu jusqu’à présent, à savoir qu’une réponse tout à fait nette du gouvernement a déjà été donnée, le 20 janvier 1999, au cardinal Pham Dinh Tung : Par procuration du gouvernement vietnamien, le chef de la commission des affaires religieuses a eu, le 20 janvier 1999, une rencontre avec le Cardinal Pham Dinh Tung, président de la Conférence épiscopale du Vietnam pour lui transmettre l’idée du premier ministre, selon laquelle cela n’est pas encore réalisable pour le momentOn remarquera que les termes de la réponse au cardinal sont presque les mêmes que ceux qui avaient été employés précédemment dans une conférence de presse, le 12 novembre 1998, par le vice-premier ministre, Nguyên Tân Dung. En réponse à la demande officielle d’invitation soumise au gouvernement par Mgr Barthélémy Nguyên Son Lâm et le cardinal Pham Dinh Tung, le 11 novembre, il avait affirmé au nom du gouvernement : Jusqu’à présent, nous n’avons pas l’intention d’inviter le pape à venir au Vietnam“.

Il semble donc peu probable, selon la plupart des observateurs, que le souverain pontife puisse présider les cérémonies de clôture du deuxième centenaire de Notre Dame de La Vang qui auront lieu le 15 août 1999. Cependant à Rome, on n’écarte pas encore l’hypothèse d’intégrer une étape vietnamienne dans le périple du Pape en Asie à l’occasion de la présentation de son exhortation post-synodale. Invité par Radio Vatican à commenter le communiqué du gouvernement, l’archevêque de Hô Chi Minh-Ville, Mgr Jean-Baptiste Pham Minh Mân, a salué cette bonne nouvelle et avoué ne pas trop croire à une prochaine visite du pape, tout en y aspirant fortement.

Les observateurs n’ont pas manqués de remarquer l’insistance avec laquelle les deux communiqués ont évoqué les prochaines discussions sur l’établissement de relations diplomatiques. Certes l’on savait que ce problème était l’objet de discussions au cours de presque chaque visite de la délégation du Saint-Siège au Vietnam, depuis 1990, date à laquelle ce type de voyage a été entamé. Le Vatican a déclaré souhaiter vivementce rétablissement. Le porte-parole du Saint-Siège a déclaré un peu plus tard que le Vatican et le Vietnam étaient en train d’étudier la possibilité d’établir des relations diplomatiquesce qui semble indiquer que le processus est déjà entamé. Par ailleurs, il faut remarquer que la mise au point des Affaires étrangères vietnamiennesparlant de la visite du pape, insiste sur le fait que tous les chefs d’Etat reçus jusqu’à présent par le Vietnam, entretenaient avec lui des relations diplomatiques. Cela pourrait vouloir dire que l’établissement des relations est considéré par Hanoi comme un préalable à la visite. Pour certains observateurs, le gouvernement vietnamien viserait surtout l’établissement de ces relations et considérerait la visite du pape comme un moyen d’y accéder.

Comme d’habitude, la délégation du Saint-Siège sera conduite par Mgr Celestino Migliore de la secrétairerie d’Etat, qui sera accompagné par Mgr Barnabé Nguyên Van Phuong de la congrégation de l’Evangélisation des peuples. Elle a demandé à se rendre dans deux diocèses du Vietnam, celui de Lang Son, à la frontière chinoise, qui a perdu son évêque l’an dernier (13), un diocèse que l’Eglise ne voudrait pas voir rayer de la carte et celui de Phan Thiêt où se trouve Mgr Huynh Van Nghi, longtemps administrateur apostolique de Hô Chi Minh-Ville. Comme d’habitude on discutera de nominations d’évêques. Trois diocèses du nord sont vacants, Hung Hoa, Lang Son et Hai Phong (14). On doit assurer un successeur aux évêques de Bui Chu, Da Nang, Qui Nhon, et My Tho, ou bien trop âgés ou de santé déficiente. Par ailleurs, la nomination d’un évêque coadjuteur à Hanoi n’a pas encore eu lieu. Lors des négociations de l’année dernière, Mgr Nguyên Van Hoa, évêque de Nha Trang avait été proposé par le Saint Siège au gouvernement. Celui-ci devait donner une réponse à Rome ne l’a pas encore fait. Le retard du gouvernement à répondre à la proposition du Saint Siège est-il dû à sa conviction qu’il est difficile à un évêque du Sud de réussir au Nord ? Peut-être, cette fois-ci, informera-t-il la délégation de sa position à ce sujet.