Eglises d'Asie – Corée du sud
Les catholiques se réjouissent de la libération des prisonniers politiques
Publié le 18/03/2010
Dans sa conférence de presse du 22 février, le ministre de la Justice, Park Sang-cheon avait annoncé que le gouvernement, à l’occasion de l’anniversaire de l’élection du Président, le 25 février, et pour marquer le 80ème anniversaire du Mouvement d’indépendance contre la colonialisme japonais qui débuta le 1er mars 1919, accorderait une très large amnistie touchant au total 8 812 personnes, allant du simple contrevenant au code de la route jusqu’aux prisonniers condamnés à des peines de longue durée. 1 508 prisonniers devaient bénéficier de cette mesure, parmi lesquels 17 détenus politiques et 24 étrangers. Parmi les bénéficiaires de l’amnistie se trouve le plus vieux prisonnier politique du monde, Woo Yong-gak, 71 ans, arrêté en 1958 pour espionnage. Il a passé 41 ans en prison. La plupart des autres prisonniers politiques libérés avaient été détenus pendant une trentaine d’années.
Commentant cette mesure, le ministre avait souligné que le gouvernement avait accordé la liberté inconditionnelle à ces 17 « espions nord–coréens » bien qu’ils aient refusé de renoncer au communisme et aient rejeté l’offre du gouvernement de signer un serment de soumission à la loi sud-coréenne. Il avait aussi mentionné l’intention du gouvernement de reconduire dans leur pays les 24 prisonniers étrangers libérés y compris les deux Pakistanais. Ces derniers, Amir Jamil et Mohammad Aziz, avaient été condamnés à mort pour le meurtre de deux camarades de travail. Convaincus de leur innocence, l’Eglise et des groupes de défense des droits de l’homme ont oeuvré pour qu’ils soient libérés (7). Le Cardinal Stephen Kim Sou-hwan, archevêque retiré de Séoul, était lui-même intervenu en leur faveur auprès du gouvernement. Leurs peines furent commuées en emprisonnement à vie à l’occasion de l’amnistie du 15 août dernier, fête de la libération nationale.
S’adressant à la nation le jour de l’anniversaire de son élection, le président Kim déclara que, si les prisonniers nord-coréens le voulaient, ils seraient renvoyés en Corée du Nord en échange de Sud-Coréens faits prisonniers durant la guerre. Des centaines de civils sud-coréens sont, en effet, retenus par la Corée du Nord depuis la guerre (1950-1953), a rappelé le Président Kim qui a proposé à la Corée du Nord de permettre aux familles séparées par la scission Nord-Sud d’être à nouveau regroupées.
A la mi-février, le Cardinal Kim, Mgr Victorinus Youn Kong-hi, archevêque de Kwangju et Mgr William McNaughton, évêque d’Inchon, avaient, les uns et les autres, envoyé une lettre au président Kim pour lui demander la libération de ces 17 détenus ainsi que des autres « prisonniers de conscience« . Dans sa lettre, Mgr Youn félicitait le gouvernement de ne plus exiger des prisonniers la signature d’une lettre certifiant leur conversion, signature obligatoire pour leur libération, même si leur peine était achevée. Il ajoutait cependant : « Je crois que l’actuel engagement à respecter la loi qui a remplacé l’an dernier la lettre de conversion, semble, lui aussi, restreindre la liberté de conscience et d’expression
Le Comité pour la réinsertion sociale de l’archidiocèse de Séoul est en train de préparer un lieu d’accueil pour les 17 prisonnier libérés dont les familles sont en Corée du Nord ou qui pourraient rencontrer des difficultés à vivre seuls. Le Père Francis Xavier Kim Chong-so, directeur spirituel de ce Comité, a déclaré à des journalistes que les groupes catholiques de défense des droits de l’homme aideraient à l’organisation de cette maison.