Eglises d'Asie

Amboine : une équipe interreligieuse se propose de rétablir la paix civile à travers un processus de réconciliation progressive

Publié le 18/03/2010




Une équipe dite “de réconciliationformée de personnalités militaires et religieuses vient de se mettre en place à Amboine. Elle se propose d’entamer un processus destiné à restaurer la paix et l’ordre dans la province des Moluques déchirée par des conflits interreligieux depuis le 19 janvier dernier, conflits qui jusqu’ici ont fait plus de 200 morts. L’équipe qui a commencé son travail au cours du mois de mars se compose de six responsables religieux, catholiques, protestants et musulmans, de trois intellectuels issus des trois communautés confessionnelles et de huit militaires. Tous ont ensemble mis en place un programme d’action qui devrait conduire à la paix à travers trois étapes progressives, dont les objectifs respectifs seront la détente, la réhabilitation et, en dernier ressort, la réconciliation.

La première période est destinée à réduire les tensions qui ont provoqué les heurts entre chrétiens et musulmans de ces deux derniers mois. Au cours de cette première étape, seront dissous en premier lieu les postes de commandement des diverses communautés religieuses, qui, aujourd’hui, sont situés dans les mosquées ou les églises. A la place, on établira un centre d’assistance conjoint, offrant ses services à toutes les victimes. Les protestants de la région ont actuellement leur poste de commandement dans l’église de Maranatha, alors que les musulmans ont fixé leur état-major dans la mosquée d’Al-Fatah. Selon le P. Bruno Rumyaru, secrétaire du diocèse et membre de l’équipe de réconciliation, c’est durant cette période de détente que devrait naître le dialogue entre les dirigeants des communautés en conflit et toutes les personnes de bonne volonté. Cependant pour favoriser le retour au calme, il est probable qu’une opération militaire basée sur des renseignements fiables sera aussi nécessaire.

Les étapes de réhabilitation et de réconciliation qui suivront cette première période sont destinées à créer au sein de la population un nouvel esprit religieux susceptible de rendre plus dynamiques les relations interreligieuses et interethniques. Ce nouvel esprit devrait être à l’origine d’un mode de vie religieuse davantage attentif aux questions humaines de portée générale et libéré de tout formalisme légal. C’est au cours de la dernière des trois périodes que devraient être signés des accords de paix engageant toutes les parties.

La position de l’Eglise catholique dans les conflits actuels reste cependant particulière, puisqu’elle s’efforce de garder une certaine neutralité et accueille des réfugiés aussi bien musulmans que protestants dans les six centres tenus par elle ainsi que dans une maison de retraite lui appartenant. Cette dernière institution sert de refuge aujourd’hui à environ 200 musulmans originaires de Célèbes, les six autres centres catholiques abritant surtout des protestants. Les catholiques ont aussi fourni une aide financière aux divers établissements destinés aux réfugiés protestants et musulmans.