Eglises d'Asie

Le gouvernement ne s’associera sans doute pas aux célébrations du jubilé de l’an 2000

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement, conduit aujourd’hui par un parti pro-hindou, le BJP, avait proposé en décembre dernier de s’associer aux célébrations de l’Eglise à l’occasion du jubilé de l’an 2000 et de déclarer l’année inaugurale du 3ème millénaire, “année du ChristLe premier ministre, Atal Behari Vajpayee, avait donné son approbation à la formation d’un comité national chargé de superviser les célébrations du jubilé. Les commentateurs des grands médias avaient d’ailleurs interprété cette initiative du gouvernement comme une volonté d’améliorer son image, passablement ternie en ce domaine par toutes les attaques anti-chrétiennes qui ont eu lieu depuis janvier 1998.

Cependant, les protestations hindoues ont obligé le gouvernement fédéral à mettre en sommeil ses premières intentions. Beaucoup de groupes hindouistes d’extrême droite, comme le Corps national des volontaires (RSS) ou le Conseil mondial hindou (VHP) qui appuient le parti au pouvoir, ont rapidement fait connaître leur hostilité à cette initiative, sous le prétexte qu’elle pourrait encourager le développement du mouvement de conversion au christianisme. Ils viennent de trouver un soutien dans le ministre du développement des ressources humaines, Murli Manohar Joshi, une personnalité de premier plan de l’actuel gouvernement. Celui-ci, en effet, le 4 mars dernier, a écrit au premier ministre lui demandant d’abandonner son projet de consacrer l’an 2000 au Christ et proposant à la place de faire de cette année, l’année de la culture et de la paixsuivant une suggestion des Nations Unies.

Selon un membre du ministère qui a voulu rester anonyme, la lettre de Murli Manohar Joshi, qui est en charge des affaires culturelles, justifiait son désaccord avec la proposition du chef du gouvernement par le fait que le christianisme n’était pas une religion d’origine indienne. La même source a affirmé que beaucoup d’autres membres du gouvernement désapprouvaient la première proposition du premier ministre, suivant en cela l’opinion des dirigeants hindouistes qui affirment qu’il en résulterait une grande disharmonie religieuse. Au ministère du développement des ressources humaines, on se hâte de mettre en place un comité d’organisation pour la célébration de l’année de la culture et de la paixcomité auquel seraient invités un certain nombre de personnalités chrétiennes.

Du côté chrétien, on s’attendait depuis le début à la réaction des fondamentalistes hindous. Depuis le premier jour, nous savions que les fondamentalistes essaieraient de saboter cette initiative“, a déclaré Mgr Karam Masih, de l’Eglise de l’Inde du Nord, tout en exprimant sa tristesse de voir abandonner un projet qui aurait pu mettre un frein aux agressions contre les chrétiens. Une autre personnalité de cette même Eglise a souligné que l’Eglise n’a pas besoin du gouvernement pour organiser la célébration du jubilé. Pour sa part, John Dayal, organisateur du Forum chrétien uni pour les droits de l’homme, trouve l’attitude du gouvernement décevante et peu digne de confiance. Mais qu’attendre d’un gouvernement qui a fait si peu pour atténuer les traumatismes subis par les chrétiens indiensa-t-il conclu.

Les précédents gouvernements s’étaient associés aux grands anniversaires célébrés par les sikhs et par les bouddhistes. Cependant, selon les idéologues hindouistes, il s’agissait là de religions appartenant aux traditions religieuses indiennes.