Eglises d'Asie – Inde
L’élection d’une femme à la tête de la religion sikh provoque des réactions mitigées
Publié le 18/03/2010
Certains applaudissent à cette élection comme à un symbole du rejet par 16 millions de croyants de la domination masculine, tandis que d’autres y voient une mainmise de la politique sur la religion. Jagir Kaur, une veuve âgée de 40 ans, a déclaré aux journalistes qu’elle veillerait à remplir ses devoirs de façon impartiale et « s’efforcerait d’observer les grandes traditions religieuses abandonnées par ses prédécesseurs et par le clergé« .
L’élection s’est déroulée à Amritsar dans les dépendances du Temple d’Or, le sanctuaire le plus sacré des sikhs, mettant fin ainsi au combat pour la suprématie entre clergé sikh et hommes politiques. La lutte opposait Prakash Singh Badal, un ministre du gouvernement du Punjab au chef du SGPC, Gurcharan Singh Tohra, pour le contrôle du Akal Takht (siège éternel), centre temporel et spirituel du sikhisme. Tohra avait démissionné le 15 mars comme chef du SGPC pour permettre l’élection d’un nouveau président. Les partisans de Badal, majoritaires parmi les 15 membre du SGPC, ont donc élu Jagir Kaur.
Manjit Singh Bawa, historien sikh de New Delhi, a déclaré que cette élection était un déshonneur pour le sikhisme et démoraliserait les croyants, disant que la question pour lui n’était pas qu’une femme ait été élue mais qu’il s’opposait à ce que des » politiciens purs et durs » puissent diriger les affaire des sikhs : « C’est un précédent malheureux pour le sikhisme que les politiciens évincent le grand prêtre et prennent le contrôle des affaires religieuses« . Les partisans de Badal qui avaient suspendu le chef des prêtres du Akal Takht, Bhai Ranjit Singh, le 10 février, avaient élu cinq jours plus tard leur propre candidat, Bhai Puram Singh.
Un journaliste sikh de New Delhi, Onkar Singh, applaudit quant à lui l’élection de Jagir Kaur. Dans le passé, les hommes étaient parvenus à dominer les activités religieuses et politiques d’une religion qui avait toujours prêché et soutenu ouvertement l’égalité des sexes. Cette élection montrera que dans le sikhisme, l’anti-féminisme n’existe pas, explique-t-il à des journalistes.
Jagir Kaur, ministre des Affaires sociales du Punjab, est la première femme présidente du SGPC depuis que la communauté sikh est régie par la loi anglaise de 1925, suite au mouvement de libération des « gurdwaraslieux de cultes sikh, autour des années 1920. D’après un homme politique sikh, Mahinder Shingh Sathi, politique et religion sont inséparables dans le sikhisme, ce qui fait que Jagir Kaur, femme politique, ne peut ternir l’image du SGPC. Son élection, dit-il, aidera le sikhisme à prendre une nouvelle direction en lui faisant perdre son image machiste. Simranjit Singh Maan, sikh radical, affirme que l’élection de Jagir Kaur est illégale et, politiquement parlant, sans aucune référence au sacré.
Le sikhisme a été fondé par Guru Nanak (1469-1539) qui prêchait l’égalité des êtres humains, le monothéisme et s’opposait tant à l’idolâtrie qu’au système des castes.