Eglises d'Asie

Les évêques du Kérala dénoncent le fascisme culturel des groupes nationalistes hindous à l’égard du christianisme

Publié le 18/03/2010




Une lettre intitulée “Obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes” signée de tous les évêques chrétiens du Kérala a été lue le 21 mars dans toutes les églises de l’Etat côtier de l’Inde du Sud. Les évêques catholiques et protestants y appellent les fidèles à lutter contre le fondamentalisme et à poursuivre leur mission chrétienne en dépit des violences hindoues. “L’évangélisation continueray déclarent les pasteurs chrétiens quelles que soient les attaques lancées contre les missionnaires en diverses régions du pays au cours des quatre derniers mois. “Les tentatives pour détourner les chrétiens de leur travail chez les pauvres sont vouées à l’échec aussi longtemps qu’il y aura des êtres humains en ce mondedéclarent les évêques aux chrétiens du Kérala qui représentent 20 % de la population de l’Etat, fournissent la plus grande partie des vocations missionnaires de l’Inde et jouent un rôle socio-politique de premier plan dans l’Etat. Malgré leur dénonciation des attaques anti-chrétiennes des nationalistes hindous, les évêques demandent aux chrétiens de ne pas transformer leur lutte contre le fondamentalisme en combat contre une religion déterminée.

Répliquant aux groupe pro-hindous qui s’opposent à l’évangélisation sous le prétexte que le christianisme n’est pas originaire du pays, les évêques soulignent que la mission auprès des pauvres vise leur développement humain intégral, que la conversion est l’oeuvre de Dieu et consiste essentiellement dans un changement de coeur. C’est la raison pour laquelle les chrétiens indiens n’ont jamais procédé à de quelconques conversions forcées. Néanmoins, les évêques rappellent que les chrétiens, en tant que citoyens indiens, jouissent du droit constitutionnel de croire en la religion de leur choix et de la propager, un droit qu’aucune organisation et aucun individu ne peut leur contester.

La propagande anti-chrétienne de certains groupes hindouistes considère que le travail humanitaire de l’Eglise est motivé par des intérêts politiques et internationaux. Ils prétendent que les missionnaires font partie d’un grand complot international destiné à chasser du pouvoir le gouvernement pro-hindou actuellement en place. Les missionnaires soutiendraient le dirigeant du Parti du Congrès, Sonia Gandhi, une italienne née catholique, veuve de Rajiv Gandhi. Ceux qui propagent de telles idées et favorisent les violences anti-chrétiennes ne veulent rien d’autre, affirment les évêques, que perpétuer un système social plusieurs fois séculaire, qui considère les pauvres comme des esclaves. Ils soulignent l’illogisme qui consiste à vouloir interdire le christianisme et l’islam parce qu’ils ne sont pas originaires de l’Inde. Il faudrait aussi interdire le bouddhisme et l’hindouisme en Chine, à l’île Maurice, au Népal, au Sri Lanka, en Thaïlande, au Vietnam ! Une telle attitude à l’égard des religions est néfaste, suicidaire et apparaît comme l’expression d’un fascisme culturel. Elle témoigne aussi d’une grande ignorance, jugent les évêques d’une région qui pourrait avoir été évangélisée par Saint Thomas au premier siècle de l’ère chrétienne.

Depuis le mois de décembre, l’aggressivité anti-chrétienne de certains groupes nationalistes hindous, dénoncée par l’épiscopat du Kérala, a causé de considérables dégats : six morts parmi lesquels un missionnaire australien (2) et ses deux enfants, des religieuses violées, des établissements d’Eglise attaqués.