Eglises d'Asie

Les négociations entre le Vietnam et le Saint-Siège ont suscité beaucoup d’optimisme pour peu de résultats connus jusqu’à présent

Publié le 18/03/2010




Les déclarations prononcées à l’issue du voyage au Vietnam de la délégation du Saint-Siège, qui s’est achevé le 19 mars dernier, ont toutes manifesté beaucoup d’optimisme, tout en restant d’une discrétion absolue sur les raisons de celui-ci. “Les entretiens ont eu lieu dans un esprit d’ouverture et de confiance mutuellea dit le porte parole du gouvernement vietnamien. “Dans nos conversations avec les autorités gouvernementales, a dit le chef de la délégation, Mgr Celestino Migliore, sous-secrétaire d’Etat pour les rapports avec les Etats, il y a eu beaucoup de bonne volonté pour améliorer les relations avec le Saint-SiègeCette amélioration des relations a aussi été soulignée par le gouvernement vietnamien qui s’est cru obligé de la mentionner par deux fois comme témoignage de son libéralisme vis-à-vis des religions, dans une réponse publiée sur le Nhân Dân du 22 mars à un rapport très critique de l’envoyé des Nations Unies sur la situation des religions au Vietnam.

Cet optimisme était doublé par la satisfaction qu’a procuré à la délégation un voyage qui s’est déroulé selon ses voeux et sans anicroche, avec ses deux grand-messes, l’une concélébrée à Phan Thiêt avec Mgr Huynh Van Nghi, ancien et méritant administrateur apostolique de Hô Chi Minh-Ville, l’autre en fin de voyage à Hanoi, dans la cathédrale.

Pourtant, à part cela, que sait-on des résultats des négociations avec le bureau des Affaires religieuses ? Aucune des deux parties n’a révélé un seule des conclusions auxquelles les discussions ont abouti : La délégation a pu régler certains problèmes avec le Vaticans’est contenté de dire Mgr Nguyên Son Lâm, le secrétaire de la Conférence épiscopale, le 19 mars. La visite officielle terminée, après les plus récentes déclarations des deux parties, on se demande toujours quelle a été la réponse des autorités vietnamiennes aux propositions de nominations d’évêques pour plusieurs diocèses vacants, Hai Phong, Hung Hoa, Lang son, et pour d’autres où l’évêque est malade ou très âgé, Bui Chu, Da Nang Quy Nhon et My Tho. Hanoi attend aussi un coadjuteur. Le Saint-Siège fera peut-être d’autres déclarations plus éclairantes à la fin du mois d’avril.

Quant aux deux sujets importants dont il a été question avant la visite, mis en valeur sciemment dans la première déclaration du gouvernement vietnamien, à savoir l’établissement des relations diplomatiques et la visite éventuelle du pape, les deux parties, semble-t-il, n’abordent pas le sujet avec le même état d’esprit. Dans sa déclaration avant son départ de Hanoi, Mgr Migliore avait déclaré qu’une première étape avait été accomplie en vue de l’élaboration de relations diplomatiques. De son côté, le gouvernement de Hanoi s’est contenté de dire que la possibilité d’établir des relations diplomatiques avait été discutée et que des contacts avec le Saint-Siège se poursuivraient. Quant à la visite du pape, selon la partie vietnamienne, on aurait évoqué son éventualité, sans préciser davantage.

A l’issue des négociations, nous ne sommes pas encore sortis de la phase éventuelle, pour les autorités de l’Etat. Pour le moment le gouvernement a accepté la possibilité d’un voyage du pape. En même temps, il a fortement insisté sur le fait que cette possibilité était liée à l’établissement de relations diplomatiques. Tous les chefs d’Etat ayant visité le Vietnam représentaient une nation possédant des relations diplomatiques avec le Vietnam, a-t-on fait remarquer. Il est possible de donner une double explication à cette liaison. Elle pourrait être destinée à retarder le plus possible la visite du pape. Le Vietnam n’envisage pas d’accueillir le pape avant l’établissement de relations avec le Saint-Siège. L’attente risque d’être longue et la visite restera longtemps comme une éventualité. Mais il se pourrait aussi que le Vietnam désire vraiment ces relations pour un certain nombre de raisons, dont deux sont essentielles : s’attirer les bonnes grâces des catholiques au moment où monte la contestation intérieure, et améliorer son image de marque à l’extérieur au moment où plusieurs investisseurs étrangers se détournent du Vietnam. La visite du pape est alors une bonne occasion d’en discuter. Quoi qu’il en soit l’établissement des relations diplomatiques reste pour le moment une affaire à suivre.