Eglises d'Asie

Les rites agraires traditionnels relient entre eux tous les paysans javanais qu’ils soient musulmans ou catholiques

Publié le 18/03/2010




Au centre de Java, les rites et coutumes traditionnels liés à l’agriculture servent de lien entre les agriculteurs javanais de religion différente, qu’ils soient catholiques ou musulmans. C’est ce dont a témoigné le Père Johanes Baptista Banawiratma, de l’université catholique de Sanatha Dharma, au cours d’un séminaire sur le rituel agraire dans la province centrale de Java, le 18 mars dernier. “L’unité dans la culture agraire javanaise l’emporte sur les différences religieuses entre agriculteurs”. Détaillant un certain nombre de ces rites, le théologien a expliqué que musulmans et catholiques font souvent un “sesaji” (offrande) aux esprits qui gouvernent la terre et les eaux, avant de commencer les labours. Mais si un “sesaji” se fait en privé, le “bersih desa” (purification du village) s’effectue avant et après la récolte et mobilise tout le village. “Il y aurait beaucoup de choses à dire à propos des relations entre la tradition islamique et la religion javanaise maintenue à Java par les paysans. La pratique du sesaji parmi les paysans musulmans n’est pas regardée comme contraire au dogme musulman du ‘Tawhid’ (foi au Dieu unique)”.

Le fait que les paysans catholiques pratiquent les mêmes rites les rapproche des villageois musulmans, a expliqué ce prêtre javanais, qui voit dans ces rites un moyen de dialoguer. Le P. Banawiratma voudrait que ce dialogue culturel entre musulmans et catholiques des régions rurales se développe aussi, certes avec quelques variations, dans les communautés urbaines de Java. Le grand dialogue de la vie où chacun a sa place est un modèle pour les communautés humaines multireligieuses.

L’université de Sanatha Dharma est située à Yogjakarta, dans une région fertile privilégiée de la province centrale de Java bordée au sud par l’Océan Indien.