Eglises d'Asie

Trois dirigeants du bouddhisme unifié interrogés et repoussés par la police alors qu’ils se rencontraient dans une pagode du Centre-Vietnam

Publié le 18/03/2010




Le 23 mars 1999, les agents de la Sûreté de la province de Quang Ngai ont cerné la

pagode de Quang Phuoc où se rencontraient le patriarche du bouddhisme unifié, Thich Huyên Quang, son secrétaire Thich Quang Dô et le vénérable Thich Hai Tang. Après y avoir pénétré, les policiers ont soumis le trois religieux à des interrogatoires séparés. Ensuite, après avoir fouillé la pagode de fond en comble, ils ont interrogé les religieux et le personnel de la pagode. Puis, le vénérable Thich Quang Dô a été emmené en voiture pour Hô Chi Minh-Ville, lui a-t-on dit. En réalité, le voiture s’est d’abord dirigée vers Quy Nhon où le religieux a passé la nuit. Il n’est arrivé à Hô Chi Minh-Ville, où il réside habituellement, que le lendemain soir au début de la nuit.

Interrogé au téléphone (8), le vénérable Thich Quang Dô a déclaré qu’il avait été interrogé pendant six heures sans qu’aucun ordre du tribunal n’ait été délivré à cet effet. Les deux autres religieux ont été interrogés ensuite séparément. Il a confirmé que la pagode Quang Phuoc où le patriarche Thich Huyên Quang est gardé en résidence surveillée avait été fouillée pièce par pièce. Puis ce fut au tour des religieux et du personnel de la pagode d’être soumis à l’interrogatoire à l’heure du repas.

Le religieux a aussi fait remarquer qu’il avait été amnistié au mois de septembre dernier et qu’il avait, par conséquent, recouvré tous ses droits civiques. Il avait donc la liberté de circuler, d’aller rendre visite à qui il voulait. Or, il lui avait été interdit d’aller à Huê s’incliner sur les tombes des ancêtres. L’Etat aujourd’hui a pour mot d’ordre : Vivre selon la constitutionLe religieux se plaint de ne pas pouvoir vivre ainsi, lui qui ne bénéficie même pas d’une carte de résidence (Khâu).

Lors de son interrogatoire, Thich Quang Dô a été prié de signer un procès-verbal selon lequel les trois religieux s’étaient rencontrés à la pagode pour fonder une association anti-gouvernementale. Le religieux a refusé en arguant que le Front patriotique n’était pas un tribunal, qu’il n’avait pas le droit de procéder à des interrogatoires, pas plus qu’à des arrestations. Par ailleurs, il n’avait commis aucune faute. Le sujet de leur discussion concernait les affaires intérieures de leur Eglise, sa gestion et son administration et en particulier son personnel de direction qu’il était nécessaire de compléter. Son confrère, Thich Hai Quang, interrogé en un autre lieu, a lui aussi refusé de signer le procès-verbal. Il a été ramené à sa résidence habituelle de Quang Tri par une voiture de police.

Aux policiers qui leur faisaient remarquer que l’Etat ne reconnaissait pas le bouddhisme unifié, et que la seule association bouddhiste légitime pour lui était l’Eglise bouddhiste du Vietnam, fondée en 1981, le religieux a demandé à ses interlocuteurs de fournir des documents montrant que son Eglise était dissoute, ce qu’ils n’ont pu faire.