Eglises d'Asie

Un prêtre souligne devant le sénat les liens étroits entre les militaires étrangers de passage et le commerce du sexe

Publié le 18/03/2010




Dans le cadre de la ratification par le sénat des accords sur les Forces militaires de passage, signés le 10 février 1998, une commission sénatoriale a écouté un religieux de St Colomban, le P. Shay Cullen, parler de l’exploitation sexuelle dont il a été témoin pendant trente ans autour de l’ancienne base américaine de Subic au nord des Philippines. Selon le prêtre, les dommages subis alors par la population, aussi bien dans le domaine social, culturel, économique que spirituel ont été irréversibles. Le pire aura été l’exploitation sexuelle des femmes et des enfants issus de milieux défavorisés.

Le prêtre qui est directeur de la Fondation pour la réhabilitation de la population et le développement à Olongapo, dans la baie de Subic, à 80 km au nord ouest de Manille, a raconté qu’un jour, se rendant dans la famille d’un paroissien et passant devant un night-club, il a été pris pour un soldat et accosté par un souteneur qui lui a proposé une fille de dix ans. Des Américains en opération lui ont révélé que les proxénètes leur offraient des fillettes qui, quelquefois, n’avaient pas plus de quatre ans. L’offre et la demande sont les facteurs qui ont causé l’afflux de femmes et d’enfants dans les ports où descendent les militaires en transit. Cette demande ne cessera de se faire sentir, a dit le prêtre, que le jour l’on refusera l’entrée des militaires étrangers dans nos portsSelon le religieux, les activités des militaires de passage dans notre pays ont une influence sur la perception des femmes et des enfants par les Philippins. L’héritage colonial, a-t-il remarqué, a habitué notre peuple à adopter et même à imiter sans réfléchir le comportement des militaires de passage

Il a aussi souligné le danger des maladies sexuellement transmissibles, notant que des enfants de 9 ans contractaient la syphilis ou la blennorragie lorsque les troupes américaines étaient basées dans le pays. Des milliers de femmes en étaient affectées, à tel point que l’U.S. Navy avait créé à Olongapo un centre de détection et de soins destiné à examiner la santé des femmes et discerner si elle étaient aptes à l’usage des soldats américains.

Le P. Cullen dont la fondation accueille des enfants victimes d’abus sexuels, entame des procédures judiciaires pour en poursuivre les auteurs et dispense des conseils et des soins aux intoxiqués, a demandé aux sénateurs de ne pas ratifier l’accord sur les militaires étrangers de passage, car selon lui, ces accords allaient contre le bien commun de la population et contre son héritage culturel.