Eglises d'Asie

Cebu : les fidèles se sont armés pour défendre leurs curés, menacés pour avoir protesté contre des mesures injustes prises par la municipalité

Publié le 18/03/2010




Les fidèles des paroisses de Notre Dame de Consolation et de Saint Michel archange, à Samboan, dans l’île de Cebu, se sont armés pour garder la vie sauve à leurs curés. Des menaces de mort pèsent, en effet, sur les deux prêtres, les PP. Bohol et Gabutan, depuis qu’ils sont entrés en conflit ouvert avec le maire de la ville, Crisologo Abinese.

Les deux prêtres avaient lancé parmi les membres des communautés ecclésiales de base de leurs paroisses une campagne de signatures d’un texte exigeant de la municipalité la remise en marche du service d’eau dans les quartiers où les fonctionnaires municipaux l’ont volontairement arrêté. Cette coupure d’eau, selon les prêtres, aurait été ordonnée par la municipalité en représailles contre les habitants de ces quartiers qui, lors des élections au Congrès, avaient voté pour un candidat soutenu par le frère du maire actuel qui est devenu son concurrent et son ennemi mortel depuis la mort de leur père. La famille Abinese, aujourd’hui divisée par ce décès, a longtemps appartenu à un clan politique, autrefois allié au président Marcos, qui gère la ville de Samboan depuis des décennies. Le clan contrôle beaucoup d’affaires de la ville, en particulier une compagnie de cars et une entreprise de pêche à laquelle s’opposent l’Eglise et les groupes écologistes, car elle utilise de la dynamite et envoie de jeunes enfants plonger en eau profonde.

L’affaire s’est encore compliquée lorsque que le maire a échappé à une tentative d’assassinat au cours de laquelle une personne est morte et lui-même a été blessé. Selon les premiers rapports, le 21 mars, alors que Crisologo Abinese se trouvait dans une maison de jeu à Santander, une ville dont son fils est maire, un militaire, Pompeo Bueros, lui aurait tiré dessus. Un de ses gardes du corps pour le protéger aurait alors abattu le militaire. Cependant, l’enquête policière est venue compliquer les choses en découvrant que la balle qui a blessé le maire sortait du revolver de son garde du corps et en ne trouvant aucun projectile dans le corps du militaire. Ce qui semblerait montrer que la même balle tirée par le garde du corps aurait tué Bueros et blessé le maire. Des témoins ont affirmé qu’il ne s’agissait en rien d’une tentative d’assassinat du maire mais de l’exécution par celui-ci d’un partisan de son frère rival.

Cette affaire a encore fait monter la tension. L’inquiétude des fidèles a grandi davantage. Le cardinal Vidal, archevêque de Cebu, accorde son entier soutien à ses prêtres dans leur tentative d’aider les victimes des mesures injustes de la municipalité, mais leur a fait savoir qu’il n’était pas satisfait d’entendre dire qu’ils étaient armés. Les prêtres ont certifié qu’ils ne l’étaient pas mais que les communautés de base avaient décidé de les protéger des réels dangers pesant sur eux et sur la population.