Eglises d'Asie

Kerala : le diocèse de Palai cherche à enrayer le déclin du nombre de vocations sacerdotales et religieuses

Publié le 18/03/2010




Le diocèse de Palai, au sud de l’Inde, autrefois renommé pour son grand nombre de vocations sacerdotales et religieuses, est aujourd’hui à la recherche de méthodes capables d’enrayer la très sérieuse tendance à la baisse qui se fait sentir. “La décrue des vocations missionnaires, a fait remarquer le chargé des vocations dans le diocèse, est, pour l’Eglise, une menace plus sérieuse que les attaques contre les missionnaires perpétrées par les fondamentalistes hindous

En 1968 encore, dans ce diocèse de l’Etat du Kerala, 602 jeunes gens avaient opté pour le sacerdoce ou la vie religieuse, chiffre qui avait dégringolé jusqu’à 246 en 1996, avant de remonter à 318 les deux dernières années. Le diocèse a ainsi perdu sa première place pour le recrutement sacerdotal et religieux et est aujourd’hui dépassé par le diocèse de Tellicherry, au nord du Kerala, qui, désormais se classe en tête pour le nombre de vocations. Les statistiques du diocèse de Palai montrent que la chute du recrutement est beaucoup plus sensible chez les vocations féminines, le nombre des candidats masculins à la prêtrise ou à la vie religieuse restant stable. Alors que 468 jeunes filles du diocèse avaient choisi la vie consacrée en 1968, il n’y en avait plus que 86 pour faire ce choix trente ans plus tard. On n’observe pas un tel déclin au niveau national où le nombre de vocations féminines s’est élevé de 17,33 % au cours des cinq dernières années, bien que beaucoup de congrégations se plaignent de la domination du nombre de leurs entrées.

Selon beaucoup, une des principales causes de cette baisse des vocations serait l’attraction exercée sur les jeunes filles par la profession d’infirmière et les nombreux postes proposés dans cette spécialité par les pays du golfe persique, d’Europe et d’Amérique. D’autres causes sont également citées comme la diminution du nombre d’enfants dans les familles, ou l’influence des médias électroniques sur la jeunesse. Selon une soeur spécialisée dans les médias, ces derniers polluent l’esprit des jeunes en y introduisant des idées imaginaires et en les incitant à tenter aventures et exploits mondains. Ils ont également rendu les jeunes peu attentifs à la prière, récitée à une heure où ils sont sollicités par les émissions de télévision. Le pouvoir nocif des moyens audiovisuels est souligné davantage encore par un prêtre du diocèse qui les accuse de diffuser une image déformée des prêtres et des religieuses et de présenter sous un jour peu avantageux la vie consacrée. A cela s’ajoutent, déclarent certains autres, la critique ouverte à l’égard des prêtres et de religieux, des commérages à leur sujet, qui sont devenus à la mode et se sont répandus jusqu’à l’intérieur des familles.

Cependant, il existe dans le diocèse de nombreux prêtres et religieux pour affirmer que le déclin des vocations ne peut être considéré comme un signe de la baisse de la foi et des valeurs morales. Au contraire, il peut correspondre à une augmentation de la participation des laïcs à l’évangélisation. On est en effet aujourd’hui témoin d’une multiplication des vocations à l’intérieur d’organisations de jeunesse, comme les Jeunes de Jésusqui ont plus de 5 000 membres dans le diocèse, le Ministère des prisonset bien d’autres organisations réservées aux jeunes.

Le diocèse de Palai a lancé une campagne destinée à stopper la chute du nombre de vocations au niveau des paroisses. Grâce à elle, le recrutement sacerdotal et religieux en 1998 a été meilleur. De plus, au mois de novembre, un congrès a réuni les responsables de vocations de l’Etat du Kerala. Ils ont jugé la situation actuelle dangereuse et ont remis en cause les méthodes utilisées par eux, méthodes qui ressemblent quelquefois à celles d’agences de recrutement, ont-ils dit eux-mêmes. Ils ont aussi demandé à l’Eglise de ne pas abandonner à leur seule responsabilité le souci des vocations.