Eglises d'Asie

Lang Son, le plus défavorisé des diocèses du Vietnam, attend un évêque

Publié le 18/03/2010




La délégation romaine, lors de sa visite au Vietnam, au mois de mars dernier, avait exprimé le désir de se rendre dans le diocèse de Lang Son, souhait qui était également le sien lors du voyage de l’année dernière. Les deux fois, les autorités vietnamiennes ont choisi d’autres lieux de visite pour les représentants de Rome. En outre, on a appris que lors des négociations, un prêtre a été proposé à l’approbation des autorités vietnamiennes, que le Saint-Siège voudrait consacrer évêque de ce diocèse dont le dernier évêque, Mgr Pham Van Du, est décédé l’année dernière (10) ; c’est dire l’importance que Rome accorde à ce diocèse frontalier, qui pourtant est, sans conteste, le plus pauvre du Vietnam en tous les domaines.

Il y a 21 ans, la région a été ravagée par la guerre sino-vietnamienne qui y a éclaté brusquement. Une partie de la population s’en est allée. Aujourd’hui, le pays se remet lentement des destructions qui ont eu lieu à cette époque. Peu à peu les bâtiments officiels sont rebâtis à nouveau. La frontière chinoise désormais ouverte a favorisé un renouveau du commerce qui attire marchands et acheteurs de Chine et du Vietnam. Eglises et lieux de cultes ont subi de considérables dégâts au cours des trois guerres successives qui se sont abattues sur la région depuis 1945. La reconstruction des bâtiments religieux est encore très lente. La cathédrale a été rasée au cours de l’invasion chinoise et se trouve aujourd’hui dans la zone des bâtiments gouvernementaux. Une autorisation vient d’être donnée pour la reconstruire en dehors de la ville. La soeur Marie Pham Thi Nhiêm, soeur cadette de l’évêque décédé, s’emploie à recueillir la somme d’argent nécessaire aux début des travaux (11).

Lors de la mort de l’évêque, le 2 septembre dernier, le clergé du diocèse ne comptait qu’un unique membre, le P. Quynh, âgé de plus de 90 ans. Le cardinal Pham Dinh Tung, nommé l’année dernière administrateur apostolique de ce diocèse, a essayé depuis de faire entrer à Lang Son un jeune prêtre originaire de Bac Ninh pour y travailler. Mais les autorités se sont opposées à ce déplacement. Elles ont cependant permis aujourd’hui à un prêtre de Ninh Binh de venir y accomplir du travail pastoral, mais d’une façon limitée et pour un temps déterminé. Les perspectives ne sont pas totalement pessimistes puisque une certaine relève existe en la personne de deux séminaristes qui font actuellement leurs études au séminaire de Hanoi et qui, à chaque vacance, viennent prendre leur part du travail pastoral du diocèse. En outre, il existe dans le diocèse une communauté de cinq religieuses dominicaines originaires de la région. Leurs moyens sont très limités et la tâche est immense puisqu’elle couvre tous les domaines où la vie religieuse des fidèles a besoin d’être accompagnée : catéchisme, orientation des chorales paroissiales, visite des malades, etc.

Les besoins de ce diocèse sont pourtant d’une grande ampleur. Dans toutes les paroisses, depuis longtemps sans prêtres, beaucoup de problèmes se posent chez les fidèles, en particulier, la régularisation de situation maritales compliquées. C’est également un diocèse où beaucoup de non-chrétiens manifestent le désir d’acquérir une instruction religieuse. Répondre à leurs souhaits reste aujourd’hui une chose délicate dans la mesure où comme dans d’autres diocèses frontaliers, dans la région de Lang Son, il n’est pas autorisé d’ouvrir de classes de catéchisme pour adultes.

Le diocèse de Lang Son est constitué par des territoires montagneux des provinces de Lang Son, de Cao Bang et d’une moitié de celle de Ha Giang. Depuis sa création en 1913, date où il fut confié aux dominicains, le diocèse n’a jamais connu un grand développement. En 1938, on y dénombrait 4 639 fidèles avec 30 prêtres et 47 religieuses. Les effectifs n’ont ensuite cessé de diminuer, d’abord à cause de l’exode des catholiques du nord en 1954 et ensuite de l’invasion chinoise de 1979. Les fidèles catholiques disséminés dans les 16 paroisses du diocèse sont estimés à 5 000 par les statistiques du Front patriotique, mais à 2 500 seulement par l’annuaire pontifical.